Le travail d'Anne Kirah est simple: elle frappe à une porte, rencontre une famille et passe la journée à l'observer. Le soir, elle repart.

Le travail d'Anne Kirah est simple: elle frappe à une porte, rencontre une famille et passe la journée à l'observer. Le soir, elle repart.

Cette anthropologue est à l'emploi de Microsoft depuis maintenant sept ans. Anne Kirah affirme pourtant ne pas être très intéressée par la technologie.

«Ce n'est pas ce qui me motive, dit-elle. Ce qui m'intéresse, ce sont les passions et les motivations des gens. Parfois ça inclut les technologies, parfois non.»

L'anthropologue observe les habitudes des humains aux quatre coins du monde, après quoi elle fait rapport de ses observations à Microsoft.

Par exemple, dans plusieurs foyers qu'elle a visités, Anne Kirah a observé un calendrier sur le frigo.

«Je ne veux pas remplacer ça par un calendrier numérique, dit-elle. Mais c'est un calendrier qui reste à la maison. Comment peut-on créer un calendrier partagé, que l'on peut utiliser toute la journée et imprimer pour mettre sur le frigo?»

On l'aura compris, Anne Kirah n'est pas vendue à la technologie à tout prix. Elle travaille pour un géant de l'informatique, mais croit que les produits doivent être conçus parce qu'il y a une demande, pas seulement parce que la technologie existe.

L'anthropologue raconte avoir entendu parler de l'invention d'un frigo intelligent, qui dit ce dont il manque à l'intérieur.

«Pour moi, ça ne peut pas fonctionner: les gens touchent leur nourriture, la regarde, prennent des décisions, ont des désirs. Un réfrigérateur ne peut pas faire ça. De plus, ce frigo va parler. Qui veut entendre ça?»

Trop d'information?

Anne Kirah remarque que les gens qu'elle rencontre sont souvent dépassés par toute l'information qu'ils reçoivent.

«Certaines personnes, jeunes ou vieux, disent : stop, c'est assez. Comment pouvons-nous aider les gens à se débarrasser de ce trop plein d'information?»

L'anthropologue croit toutefois que les jeunes gèrent mieux l'afflux d'informations que les plus vieux.

«Les jeunes sont nés dans la culture numérique, nous sommes des immigrants numériques. Nous apprenons le langage et la culture de la technologie a un rythme beaucoup plus lent. Les jeunes sont nés avec ça. Ils ne peuvent pas vivre sans la technologie», dit Anne Kirah.

En conséquence, elle croit que les jeunes sont mieux informés qu'elle l'était à leur âge, notamment quand il est question de consommation.

«Ils sont plus cyniques et s'attendent à de l'authenticité. Ils ont fait des recherches, ils savent quand un vendeur leur ment ou essaie de leur vendre quelque chose qui ne vaut pas le prix.»

Au sein d'une entreprise comme Microsoft, le travail de l'anthropologue consiste justement à rendre les produits un peu plus authentiques.

«Les compagnies sont trop concentrées sur le produit et oublient les gens derrière, dit Anne Kirah. L'anthropologie permet aux entreprises de voir le monde avec le regard d'une autre personne, pas de leur propre perspective. C'est ce pourquoi nous sommes formés.»