L'arrondissement de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce se défend de vouloir espionner les cols bleus en installant des GPS dans ses véhicules municipaux, mais ce système pourra tout de même servir à imposer des mesures disciplinaires au besoin.

L'arrondissement de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce se défend de vouloir espionner les cols bleus en installant des GPS dans ses véhicules municipaux, mais ce système pourra tout de même servir à imposer des mesures disciplinaires au besoin.

Le maire de l'arrondissement, Michael Applebaum, confirme qu'il envisage de doter les véhicules de déneigement d'un système de positionnement par satellite. Un tel dispositif permettrait de suivre à la trace le déplacement de véhicules dans l'arrondissement.

M. Applebaum estime que le système GPS rendra le service des travaux publics plus efficace. L'arrondissement souhaite introduire cette technologie l'hiver prochain. Un GPS coûte entre 1000 $ et 1500 $ et le service mensuel se chiffre entre 20 $ et 50 $.

Le maire d'arrondissement croit que le GPS permettra de dépêcher plus rapidement des véhicules en cas de besoin. Le GPS pourrait aussi confirmer si un camion a abîmé des voitures. «Mon but n'est pas vraiment de suivre un véhicule à la trace, mais de regarder où sont rendus les services et d'être capable de les modifier», dit M. Applebaum.

Le maire d'arrondissement avoue néanmoins que les GPS peuvent être utiles pour s'assurer que les employés remplissent bien leur tâche. «Il y a possibilité d'utiliser ce type d'équipement pour imposer des mesures disciplinaires», ajoute-t-il.

En février dernier, des employés de la voirie se sont retrouvés sur la sellette après le dévoilement d'un rapport confidentiel démontrant que 10 d'entre eux avaient mis 90 heures à boucher neuf nids-de-poule.

La décision de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce créerait un précédent à la Ville de Montréal. L'arrondissement de Ville-Marie observe l'expérience avec beaucoup d'intérêt, confirme son porte-parole, Jacques-Alain Lavallée. M. Applebaum précise que son arrondissement réfléchit sur l'utilisation exacte qu'il fera du GPS.

De son côté, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, appuie ce projet. «Ce n'est pas une question d'espionner nos cols bleus. C'est une façon de les accompagner et de leur offrir un nouveau mécanisme pour être plus productifs, plus performants», affirme-t-il.

Le vice-président du syndicat des cols bleus regroupés, André Lepage, ne s'inquiète pas de ce projet. M. Lepage croit que le recours au GPS démontre les problèmes d'organisation du travail à la Ville. «Ça ne prend pas des GPS pour savoir si l'on travaille: ça prend des contremaîtres efficaces», dit-il. Le Syndicat canadien de la fonction publique a pour sa part dénoncé à plusieurs reprises l'utilisation de caméras de surveillance sur les lieux de travail.

L'utilisation de GPS par un employeur n'a d'ailleurs jamais fait l'objet d'une décision d'un tribunal, selon Thierry Carrière, avocat spécialisé en droit du travail au cabinet Gowlings Lafleur Henderson. L'avocat croit que les syndicats ne tarderont pas à contester cette technologie devant les tribunaux. La cour devra alors trancher entre le droit de gérance des employeurs et le droit à la vie privée des employés.

Avec la collaboration de Mario Girard.