Les publicitaires et relationnistes n'aiment pas perdre les consommateurs de vue. Si les jeunes délaissent les médias traditionnels pour se tourner vers les sources d'informations alternatives, comme les blogues, ils iront eux aussi.

Les publicitaires et relationnistes n'aiment pas perdre les consommateurs de vue. Si les jeunes délaissent les médias traditionnels pour se tourner vers les sources d'informations alternatives, comme les blogues, ils iront eux aussi.

Le New York Times rapportait la semaine dernière que Wal-Mart mène présentement un assaut pour accroître sa visibilité sur les blogues.

Pour faire passer ses messages, Wal-Mart travaille directement avec les blogueurs, leur donnant de l'information exclusive, leur suggérant des sujets sur lesquels écrire, les invitant même à aller visiter son siège social.

Des blogueurs américains sont allés jusqu'à reprendre intégralement des extraits de communiqués de presse de Wal-Mart, sans dire à leurs lecteurs qu'ils «s'inspiraient» de ceux-ci.

Les stratégies des publicitaires et la réponse des blogueurs à celles-ci soulèvent des questions aux États-Unis, notamment sur ce que sont tenus de dévoiler les blogueurs à leurs lecteurs. Qu'en est-il chez nous?

Récemment, le Cirque du Soleil faisait office de pionnier en invitant à la première montréalaise de son spectacle Delirium deux blogueurs québécois à titre de «journalistes-citoyens».

Julien Smith était de ceux-là. Le Montréalais reconnaît qu'en acceptant l'invitation du Cirque du Soleil, il leur a donné de la publicité.

«À tous les jours, nous avons des personnes qui nous lisent, dit-il. Juste en voyant le nom Cirque du Soleil, en soit c'est un genre de publicité. On ne peut pas ignorer ça.»

Il établit toutefois une différence entre son travail et celui des journalistes. Le support qu'est Internet permet plus de flexibilité, dit-il, et son public attend de lui autre chose que ce qu'il attend des médias traditionnels.

«On n'a pas les mêmes intérêts que les journaux, on n'a pas les mêmes intérêts que les nouvelles de 23h. On veut intéresser notre public, dit Julien Smith. C'est certain qu'on va avoir des questions différentes, avoir un angle différent.»

Des blogues observés de près

Si les blogueurs ne sont pas encore tout à fait dans la mire des publicitaires et des relationnistes, la situation pourrait changer au cours de la prochaine année. C'est du moins ce que croit Serge Leclerc, responsable des relations publiques numériques au cabinet National.

«Les blogues sont un phénomène qui reste marginal au Québec, sauf pour le secteur de la techno. On n'a pas encore atteint la masse critique, explique-t-il. Donc on n'est pas encore rendu au point où on intervient directement sur les blogues.»

Selon Serge Leclerc, si la tendance s'implante au Québec comme aux États-Unis et au Canada anglais, où certains blogues sont très populaires, les publicitaires voudront s'en mêler. Notamment pour rejoindre une clientèle jeune et davantage intéressée par la technologie.

«Dans la prochaine année, je pense que nos clients vont nous demander d'être proactifs, prédit-il. On a déjà commencé à envoyer des communiqués de presse aux blogueurs. On commence à élaborer des stratégies du genre avec certains clients.»

Créateur d'un blogue et d'une émission en baladodiffusion populaires, Julien Smith reçoit de tels communiqués. Il s'impose son propre code d'éthique en matière de publicité.

«Pour moi, le contenu et la publicité doivent être différenciés et ça doit être clair pour le lecteur, dit-il, déplorant que certains blogueurs ne tranchent pas toujours le contenu éditorial du contenu publicitaire. Les lecteurs ont une certaine confiance envers les blogueurs et nous ne voulons pas la trahir. Pour moi, c'est important.»

Quand il parle de publicité et de blogue, le mot «intérêt» revient souvent à la bouche du blogueur. Chaque publicité que Julien Smith reçoit est analysée en fonction de l'intérêt du lecteur et de son propre intérêt. Mais toujours dans un esprit de transparence, dit-il.

«À long terme, tout se sait, dit-il. Si je cache quelque chose, c'est certain que ça va sortir à un moment donné. Tant qu'à y être, il faut rester honnête. Si vous vous faites payer, dites je me fais payer, et les lecteurs ne vont rien vous reprocher.»