Time Inc., numéro un mondial de l'édition, vient de lancer un magazine en ligne à l'intention des millions de jeunes hommes qui surfent dans Internet pendant leurs heures de bureau, l'éditeur y voyant l'occasion de capter des recettes publicitaires encore inexploitées.

Time Inc., numéro un mondial de l'édition, vient de lancer un magazine en ligne à l'intention des millions de jeunes hommes qui surfent dans Internet pendant leurs heures de bureau, l'éditeur y voyant l'occasion de capter des recettes publicitaires encore inexploitées.

Ce nouveau magazine, Office Pirates, marque une étape pour Time, non seulement en raison de sa nature - un magazine visible exclusivement dans Internet - mais aussi par son contenu, très éloigné de celui des publications existantes du groupe.

Vendredi, alors que le magazine Fortune publiait dans son site un article sur les groupes américains les plus admirés, www.officepirates.com sortait une vidéo intitulée : «Filles en soutiens-gorge».

«Les jeunes hommes qui travaillent au bureau sont notre cible d'audience», résume une porte-parole de Time.

Mark Golin, qui dirige le site, a une expérience prouvée en la matière : il a édité la version américaine du magazine pour hommes Maxim, riche en images de mannequins très peu vêtus et à l'humour souvent grivois.

Office Pirates sollicite des contributions de ses lecteurs, plaisanteries, images de leur déjeuner dans la rubrique «Qu'est-ce qu'on mange à midi ?» et autres photos des collègues les moins appréciés dans la section «Les plus gros imbéciles».

Le site offre aussi des jeux en ligne, des posters et de courtes vidéos.

Le concept qui régit Office Pirates est simple : les employés qui s'ennuient au bureau et passent du temps à surfer dans Internet sont pour la publicité une cible importante et largement sous-développée.

Les publicitaires tentent habituellement de toucher leur audience à son domicile, mais le développement d'Internet a ouvert de nouvelles perspectives.

L'employé américain moyen reconnaît se distraire dans Internet plus de deux heures pour chaque période de huit heures au bureau, sans compter les pauses, notamment celle du déjeuner, révélait récemment un sondage réalisé par American Online (AOL) et Salary.com.

Près de 45 % des 10 000 employés interrogés citaient Internet comme leur distraction numéro un pendant leur journée de travail.

«Il y a de plus en plus d'études sur comment les gens passent des heures en ligne pendant leur journée de travail, à faire du shopping, se renseigner sur la météo ou n'importe quoi, et les publicitaires veulent se placer dans leur champ de vision», explique Stefanie Smith, journaliste pour Mediaweek, magazine en ligne sur l'actualité des médias et de l'édition.

Le projet est crucial pour Time Inc., dont les décisions de licenciements ont écorné son image et qui tente, dans sa division interactive, de relancer de faibles recettes publicitaires issues des titres destinés aux hommes, comme Sports Illustrated.

Dans l'industrie de l'édition, l'expérience «est suivie de près, alors que de plus en plus de magazines dépassent le stade de l'expérimentation avec Internet pour l'incorporer totalement dans leur plan d'activité», remarque aussi Stephanie Smith.

Mais l'arrivée d'Office Pirates pourrait être vue d'un mauvais oeil par des employeurs déjà inquiets du temps perdu par leurs salariés dans Internet.

En février, le maire de New York Michael Bloomberg faisait les gros titres après avoir licencié sans indemnité un employé de la Ville : il avait trouvé sur son écran d'ordinateur un jeu de solitaire.