Le géant des logiciels Microsoft travaillait mardi d'arrache-pied pour prouver à la Commission avant mercredi minuit qu'il a bien rempli les engagements pris il y a deux ans lors de sa condamnation pour abus de position dominante.

Le géant des logiciels Microsoft travaillait mardi d'arrache-pied pour prouver à la Commission avant mercredi minuit qu'il a bien rempli les engagements pris il y a deux ans lors de sa condamnation pour abus de position dominante.

«Nous déposerons notre réponse à la Commission demain», a affirmé mardi devant quelques journalistes le chef de file des avocats de Microsoft en Europe, Horacio Gutierrez.

«Nous nous sentons très confiants sur le fait que la documentation que nous avons fournie jusqu'ici est complète», a ajouté le responsable, estimant que «de son point de vue, ce qui a été proposé à la Commission répond à toutes ses exigences». «Il n'y a rien de plus qui puisse être fait».

Malgré tout, a-t-il reconnu, les avocats de Microsoft «travaillent jour et nuit».

C'est que ces derniers semaines, la Commission a fait preuve d'une détermination sans faille. Si en juin, grâce à de nouvelles concessions, le géant américain avait réussi à échapper à des amendes supplémentaires, cette fois, Bruxelles ne semble plus disposée à courber l'échine.

En mars 2004, la Commission avait condamné le groupe de Redmond pour abus de position dominante à une amende record d'un demi million d'euros, assortie de mesures correctives.

Bruxelles avait notamment exigé de Microsoft qu'il fournisse à ses rivaux la documentation nécessaire au dialogue de son système d'exploitation vedette Windows avec les produits concurrents.

A la veille de Noël, la commissaire à la Concurrence Neelie Kroes, lassée de tergiverser, a finalement tiré un coup de semonce.

Jugeant la documentation aussi «inadéquate» qu'«incomplète», elle a sommé le groupe, sous peine d'amendes pouvant aller jusqu'à deux millions d'euros par jour, de se conformer une fois pour toutes à ses exigences, d'ici le 15 février.

Pour M. Gutierrez, Neil Barrett, l'expert en informatique chargé de conseiller la Commission, n'a pas mené «une évaluation équitable» de cette documentation.

Créant la surprise, Microsoft a annoncé fin janvier qu'il allait communiquer aux éditeurs de logiciels certaines parties du sacro-saint code-source de Windows, soit beaucoup plus d'informations que ce qui lui était demandé.

Cette annonce ne semble pourtant pas avoir eu l'effet escompté, Neelie Kroes avertissant que «le code-source n'était la documentation ultime de rien du tout».

«Nous ne pensons pas que (le code-source) était requis mais nous pensons qu'il est utile», a expliqué Horacio Gutierrez, ajoutant qu'ils voulaient juste «montrer très clairement que Microsoft n'avait aucune intention de cacher une quelconque partie de sa technologie».

Quant aux craintes émises par certains éditeurs de logiciels, inquiets d'être poursuivis par Microsoft pour violation des droits d'auteur, le groupe a assuré mardi que «tant que la licence de Windows sera utilisée pour des objectifs légitimes, ils n'ont rien à craindre».

Certes, les programmeurs ont désormais accès, en échange d'une licence, au code-source de Windows et à une série d'outils de recherche efficaces qui permettent de cibler un point précis au milieu des 50 millions de lignes de code, mais la Commission a déjà fait savoir que le code-source n'était pas ce qu'elle demandait.

Or, à part cela, le groupe a fait peu, voire pas de progrès depuis les avertissements de Neelie Kroes fin décembre. Les 12.000 pages de documentation et les 500 heures d'aide technique déjà proposées à l'époque n'ont pas fondamentalement évolué, même si Microsoft assure avoir répondu à la plupart des «problèmes d'utilisation pratique» pointés par M. Barrett.

Comme chaque mois, Microsoft a publié une mise à jour de sa documentation technique, a expliqué le groupe mardi, mais rien d'autre.

Placide, la Commission attendait mardi la réponse de Microsoft.