Si les fraudeurs ont attiré l'attention dernièrement en raison de leurs frasques sur Internet, il n'en demeure pas moins qu'ils sont toujours présents dans la fraude de carte de débit. Plus que jamais, en fait…

Si les fraudeurs ont attiré l'attention dernièrement en raison de leurs frasques sur Internet, il n'en demeure pas moins qu'ils sont toujours présents dans la fraude de carte de débit. Plus que jamais, en fait…

«Les fraudeurs sont très actifs sur le territoire de Sherbrooke et cette fois, c'est au moyen d'une puce insérée dans le terminal de transaction pour le paiement direct qu'ils ont tenté de commettre leurs crimes», écrivait La Tribune le 20 janvier.

Les stratégies des fraudeurs contraignent parfois les institutions bancaires et les caisses à annuler des dizaines de cartes de débit, pour éviter que leurs clients soient dépouillés.

À lire aussi:

Carte à puce, la solution?

La Sûreté du Québec le confirme: entre 2004 et 2005, il y a eu une «nette augmentation» de clonage de cartes de débit.

«Dans les années 1990, la contrefaçon d'argent était plus importante, mais maintenant, les cartes bancaires ont remplacé l'argent», dit le capitaine Michel Forget, du Service des enquêtes sur les crimes économiques à la Sûreté du Québec.

Le clonage de carte de débit s'est perfectionné au fil des années. «Les méthodes évoluent, dit Nathalie Genest, porte-parole chez Desjardins. Avant on entendait parler de caméras installées en hauteur pour apercevoir les gens qui entraient leur NIP sur le clavier du guichet, maintenant on parle de puces intégrées à même les terminaux aux points de vente pour saisir les données qui sont insérées dedans.»

Ainsi, même en surveillant attentivement votre NIP, il est possible que lors d'un de vos passages dans un dépanneur, un dispositif installé à l'intérieur du clavier de type «Interac» espionne tout ce que vous faites. Et copie la bande magnétique de votre carte.

Les dispositifs de clonage sont parfois installés à l'insu des propriétaires de commerces, parfois avec la complicité de quelqu'un de l'intérieur.

«Parfois, quelqu'un se présente à l'intérieur d'une station-service ou d'un dépanneur et dit à l'employé: "On va te donner 500 ou 2000$ par jour à condition que tu nous laisses placer cet appareil. Tout ce que tu as à faire, c'est de garder ça secret. Dans trois jours on revient, on remet ton appareil et c'est fini". Il y a des gens qui se laissent tenter par ça», explique Jacques Hébert, directeur au Québec de l'Association des banquiers canadiens.

La plupart du temps, le clonage de carte de débit n'est pas l'affaire de novices. «À l'occasion, la fraude peut venir d'un groupe de quelques individus, mais le plus souvent ce sont les organisations criminelles structurées, dit André Bacon, sergent coordonnateur de la contrefaçon à la GRC. Elles financent leurs activités avec ça.»

Et les organisations criminelles ne lésinent pas sur le nombre d'employés qu'elles embauchent pour faire le travail, disent les policiers. Informaticiens, personnes pour exploiter les cartes, gardes du corps pour assurer la protection des gens qui se rendent au guichet retirer de l'argent, etc.

À l'Association des banquiers canadiens, Jacques Hébert reconnaît que les fraudeurs sont bien organisés. «Il n'y a pas de limites à l'imagination des fraudeurs. Heureusement, il n'y a pas de limites à la capacité de nos ingénieurs à combattre la fraude.»

Il insiste d'ailleurs pour mettre en perspective les fraudes commises avec les cartes de débit. «Il y a 35 millions de carte de débit en circulation au Canada et il se fait 10 millions de transactions par jour. Le nombre de fraude rapporté est de l'ordre de 0,13%. C'est infime.»

Lien externe:

Site d'Industrie Canada: Comment vous protéger contre la fraude par carte de débit