La PME Nanométrix de Montréal vient d'être honorée par le magazine Nanotech Briefs, une publication scientifique qui travaille en étroite collaboration avec la NASA. Le symbolisme derrière ce prix est d'autant plus grand que Nanométrix est la seule entreprise canadienne parmi les 50 autres lauréats à avoir remporté cette prestigieuse récompense.

La PME Nanométrix de Montréal vient d'être honorée par le magazine Nanotech Briefs, une publication scientifique qui travaille en étroite collaboration avec la NASA. Le symbolisme derrière ce prix est d'autant plus grand que Nanométrix est la seule entreprise canadienne parmi les 50 autres lauréats à avoir remporté cette prestigieuse récompense.

«Sur le coup, on n'a pas réalisé ce que ça représentait et qu'on faisait maintenant partie d'une catégorie à part», explique Gilles Picard, docteur en physique et copropriétaire de Nanométrix. La PME, dont le siège social est situé au pavillon J.-A. Bombardier de l'Université de Montréal, est spécialisée dans les nanotechnologies, c'est-à-dire la manipulation individuelle des atomes et des molécules.

Cette manipulation à très petite échelle ouvre la porte à la construction de nouveaux matériaux, la mise en place de nouveaux procédés et la découverte de nouvelles propriétés.

Un nanomètre équivaut à un milliardième d'un mètre. À titre comparatif, le diamètre d'un cheveu mesure 30 000 nanomètres. Un nanomètre est donc 30 000 fois plus petit qu'un cheveux. Le concours Nano50, organisé par le magazine virtuel Nanotech Briefs, a ainsi été mis de l'avant pour honorer ceux et celles qui font avancer la recherche mondiale dans le domaine de l'infiniment petit. Ce concours en était à sa toute première édition.

Nanométrix a été récompensée pour avoir inventé une méthode permettant la production à grande échelle de films ultra minces (ou nanofilms) dont l'épaisseur peut atteindre quelques dizaines de nanomètres. Cette méthode, appelée MG-1, a été brevetée par les deux fondateurs et actuels propriétaires de Nanométrix, Gilles Picard et Juan Schneider.

Les nanofilms de la PME, conçus notamment à partir de polymère, peuvent être déposés sur à peu près toutes les surfaces. La PME montréalaise se spécialise surtout dans les domaines de la microélectronique (les semi-conducteurs) et les piles à combustibles pour automobiles (principalement la pile à hydrogène).

En microélectronique, les nanofilms de Nanométrix servent à l'ajout d'un plus grand nombre de circuits électroniques sur les plaquettes de silicium, ce qui augmente la puissance des ordinateurs. Quant aux piles à combustibles, la nanotechnologie de la PME permet deux choses: réduire la quantité de platine utilisé (dont le coût est énorme) tout en multipliant par dix l'efficacité des piles.

Pour un non-initié, les nanotechnologies semblent tout droit sorties d'un roman de science-fiction. Jouer avec des particules et les agencer à sa guise semble en effet surréaliste. «On prend les molécules et on les met ensemble pour former une espèce de grande nappe continue de nanoparticules», illustre Gilles Picard.

Pour l'heure, M. Picard et son collègue Juan Schneider en sont à expliquer (et à démontrer) aux industriels comment la technologie des nanofilms est applicable. Pour ce faire, les deux scientifiques utilisent une machine (une sorte de lamineuse dans une salle blanche) qu'ils ont eux-mêmes inventée. Nanométrix travaille actuellement avec les plus grands joueurs américains, asiatiques et européens qui oeuvrent dans la microélectronique, l'optique et les piles à combustibles. La PME compte une dizaine d'employés et ses ventes sont pour le moment d'environ 100 000 $.

Avant d'en arriver là, MM. Picard et Schneider, des amis de longue date, ont bossé sans compter leurs heures. Entre 2001 et 2003, ils ont consacré tout leur temps à la recherche en aménageant leur sous-sol et leur garage en laboratoire. Mis à part une aide de la BDC, ils ont investi de leur poche. Pour survivre pendant ces deux années, Gilles Picard, 53 ans, a fait de la prévision météorologique (il a une formation en la matière), alors que Juan Schneider, 39 ans, a donné des cours de peinture. Doué en arts, M. Schneider, Chilien d'origine, a déjà représenté le Canada à l'étranger.

À court terme, la PME souhaite deux choses: obtenir une aide financière importante de la part d'un investisseur; ou décrocher un important contrat. Dans les deux cas, cela lui permettra de s'entourer de nouveaux collaborateurs et ainsi bâtir une plus grande équipe.

Les nanotechnologies, un mot très en vogue depuis le début des années 90, seraient à la base de la prochaine révolution industrielle. La manipulation moléculaire est applicable à tous les champs d'activités, dit-on.

Le Japon, les États-Unis et quelques pays d'Europe occidentale sont les leaders en la matière. Rien que l'an dernier, les nanotechnologies ont généré des investissements de plus de 8 milliards à l'échelle planétaire. Et pour la première fois, plus de la moitié de ces investissements provenaient du secteur privé.

L'ENTREPRISE

Nanométrix

Année de fondation : 2001

Activités : fabrication de films ultraminces (ou nanofilms)

Nombre d'employés : 10

Chiffre d'affaires : 100 000 $

Actionnaire : Gilles Picard, Juan Schneider et la BDC

Marché : international

Siège social : Montréal

SiteWeb : www.nanometrix.com