Le patron d'Apple Tim Cook s'est déclaré en faveur d'une législation sur la protection des données privées aux États-Unis, lors d'une conférence sur ce thème à Bruxelles où il a fustigé les compagnies qui s'enrichissent en vendant des données personnelles.

« Nous, chez Apple, soutenons totalement l'adoption d'une loi fédérale complète sur la protection de la vie privée aux États-Unis », a déclaré Tim Cook, provoquant une salve d'applaudissements dans la salle.

« Nous devrions célébrer le travail transformateur des institutions européennes », a souligné M. Cook, alors que l'UE est considérée comme un précurseur de la protection des données personnelles en ligne après l'entrée en vigueur le 25 mai du Règlement européen de protection des données (RGPD).  

« Nos propres informations, de celle de tous les jours à la plus intime, sont utilisées comme une arme contre nous avec une efficacité militaire », a dénoncé Tim Cook, l'un des invités vedettes de la 40e« Conférence internationale des commissaires à la protection des données et de la vie privée ».

« Nous ne devrions pas édulcorer les conséquences. C'est de la surveillance. Et ces stocks de données personnelles servent seulement à enrichir les compagnies qui les récupèrent », a-t-il poursuivi.

« Si des compagnies comme Apple s'engagent à prendre les problèmes de protection des données sérieusement et découvrent que c'est quelque chose que veut aussi le consommateur, alors je pense que cela confirme une nouvelle fois que l'Europe a eu raison avec le RGPD », s'est félicité  Margaritis Schinas, le porte-parole de la Commission européenne.  

Tim Cook doit rencontrer jeudi Frans Timmermans, premier vice-président de l'exécutif européen, et Vera Jourova, commissaire responsable de la protection du consommateur.

Mascarade

Le PDG d'Apple a énuméré les quatre droits qu'une législation devrait protéger, en premier lieu le droit d'avoir un minimum de données collectées et celui de savoir quelles sont les données recueillies et à quelles fins.

« C'est la seule façon de donner aux utilisateurs le pouvoir de décider quelle collecte est légitime et celle qui ne l'est pas. Moins que ça, c'est une mascarade », a affirmé M. Cook, qui se pose régulièrement comme un champion des données personnelles.

À la différence de sociétés comme Facebook ou Google, le modèle économique d'Apple ne repose pas sur la collecte et l'exploitation commerciale des données personnelles de ses utilisateurs.  Le groupe vend d'abord des appareils, ainsi que des services (streaming musical, service de paiement, stockage en ligne...).  

Le PDG de Facebook Mark Zuckerberg et celui de Google Sundar Pichai sont également intervenus dans la journée, via des messages vidéos. Les deux compagnies sont dans le collimateur de l'UE.

Mark Zuckerberg, en plein scandale Cambridge Analytica, avait présenté ses excuses aux Européens lors d'une audition à quelques jours seulement de l'entrée en vigueur du RGPD, ce que beaucoup avaient jugé insuffisant.  

« Nous partageons les valeurs du RGPD », a assuré Mark Zuckerberg lors de son intervention enregistrée pour la conférence, selon une transcription transmise par Facebook.

« Nous avons toujours pris notre responsabilité incroyablement au sérieux, et l'année écoulée nous a montré que nous avons encore beaucoup de travail », a-t-il ajouté.

Actuellement réuni en sessions plénières à Strasbourg, le Parlement européen s'apprête jeudi à voter une résolution exhortant Facebook à réaliser un audit complet pour évaluer la protection des données.

Début octobre, l'Irlande a procédé à la première application majeure du RGPD, en ouvrant une enquête après l'annonce du piratage de 50 millions de comptes Facebook.