Il y a sept mois, l'entrepreneur montréalais Paul Allard réussissait le tour de force de lever en 24 heures 500 000 $ en sociofinancement pour la mise sur pied d'une banque sociale, Impak Finance. Aujourd'hui, il poussera l'aventure plus loin en annonçant la mise sur pied de la monnaie qui sera utilisée par cette banque, une cryptomonnaie à l'image du bitcoin baptisée impak Coin.

Ce lancement officiel, qui aura lieu dans le cadre de C2 Montréal, permettra aux investisseurs intéressés d'acquérir des unités de cryptomonnaie à partir du 26 juin. Ils ne pourront cependant les utiliser avant le printemps 2018, alors que les fonds amassés serviront à financer différentes entreprises d'« impact », « qui règlent par leurs produits ou services une problématique sociale ou environnementale tout en étant rentables », explique M. Allard.

Ces entreprises, qu'on espère au moins au nombre d'un millier d'ici un an, n'ont pas encore été recrutées, précise-t-il. Il pourrait s'agir d'organismes à but non lucratif ou d'entreprises privées comme Alvéole, spécialisée en apiculture urbaine, ou Téo Taxi.

« C'est une des premières monnaies au monde dont le but est de supporter l'économie d'impact, dit M. Allard. On est rendu à l'ère où les cryptomonnaies deviennent utiles, où elles ont une connexion dans le monde. »

GOUVERNANCE SANS « MINEURS »

Comme pour toute monnaie, virtuelle ou non, le cours de l'impak Coin variera en fonction de l'offre et de la demande. Ses adeptes pourront en acheter contre de bons dollars ou en obtenir par divers moyens, notamment en téléchargeant l'application mobile, en offrant du temps ou du matériel aux entreprises, ou en investissant dans le Fonds REER d'Impak. On pourra les utiliser pour acquérir des produits et services des entreprises participantes, transférer des fonds ou les convertir en dollars.

Toutes les opérations seront consignées dans un registre, un « blockchain », dont l'intégrité sera assurée par les serveurs d'Impak Finance, et non par des millions d'utilisateurs appelés « mineurs » comme c'est le cas actuellement avec le bitcoin. « C'est pour éviter qu'il y ait du blanchiment d'argent et une perte de contrôle », explique Paul Allard. Il a plutôt choisi de mettre en place « une gouvernance indépendante et décentralisée  dont le seul intérêt est de voir l'impak Coin croître ».

« La révolution des "blockchains" est encore plus importante que celle de l'internet, estime-t-il. Elle permet à des communautés de se mobiliser, de se prendre en charge, s'autogérer, se partager la valeur ajoutée. » Le risque financier, convient-il, est celui de tout placement. « Si ça marche, ça va avoir une valeur plus grande que ce qu'on a acheté. Si ça ne lève pas, ça ne vaudra rien. »