Gagner sa croûte tout en jouissant de la liberté d'explorer le monde dans ses moindres recoins, c'est la douce réalité des technomades. Tirant profit de la mobilité que permettent les technologies, ces travailleurs 2.0 conjuguent leur désir de voyager et leur gagne-pain. Qu'est-ce qui séduit les aspirants nomades?

Ces travailleurs mobiles, le plus souvent à leur compte, sont issus des communications, du marketing, du Web ou encore des technologies - ils sont graphistes, programmeurs, rédacteurs, photographes ou encore traducteurs. Les technomades jettent leur dévolu sur des destinations reconnues pour la fiabilité de leurs infrastructures de télécommunication. Une connexion Internet qui ne flanche pas, leur ordinateur portable à portée de main et le tour est joué. Ils peuvent vagabonder à leur guise.

Trimballer sa carrière sur la route

« La liberté! » s'exclame sans la trace d'une hésitation Jenny quand on lui demande ce qu'évoque pour elle le nomadisme numérique. La quarantaine à peine entamée, professionnelle en marketing numérique, elle occupe un poste clé dans lequel elle continue de s'épanouir. « J'adore ce que je fais et je veux rester à jour dans mon domaine, dit-elle. Mon but à moyen terme, ce n'est pas d'arrêter de travailler, mais de le faire différemment. » Parce que l'envie de vivre l'aventure à l'étranger - en latence d'aussi loin qu'elle s'en souvienne - se fait grandissante, tenace. Et son objectif de partir se concrétisera assurément dans les prochaines années.

Insatiable globe-trotteuse

Les passeports de Jenny et de son conjoint arborent une éclectique collection d'estampes: Guatemala, Tanzanie, Indonésie, Chine, Myanmar, Égypte et une myriade d'autres destinations éparpillées sur presque tous les continents. Pourtant, ces voyages ne suffisent plus. Jenny veut se poser sur un nouveau territoire le temps de quelques semaines, ou de quelques mois, et s'imprégner de l'ambiance; y vivre pour vrai. Pas question de sauter d'une destination à l'autre à un rythme effréné. C'est ce qu'offre un mode de vie technomade. « Ce qui m'interpelle dans cette option, c'est le slow travel, affirme-t-elle. Prendre le temps de découvrir un endroit, puis travailler quelques jours avant de repartir explorer les environs, m'ajuster au rythme de vie. »

Du rêve à l'aventure

Quand un projet d'envergure comme celui-ci sommeille en nous, comment sait-on qu'on est mûr pour faire le saut? Qu'est-ce qui provoquera le déclic? « Mon go, ce sera dès qu'une occasion professionnelle se présentera. » Jenny est fin prête - financièrement et mentalement -, mais elle attend l'occasion qui lui fera boucler sa valise pour de bon. Et quand on veut partir en couple, il faut que les astres des occasions professionnelles s'alignent pour les deux. « D'ici cinq ans », précise-t-elle.

Communautés itinérantes

Le nomadisme numérique gagne des adeptes, et des points chauds commencent à se dessiner sur la carte : Bali, Medellín en Colombie, Saigon ou encore - la destination demeurant la plus prisée - la Thaïlande. Les technomades s'y réunissent, attirés notamment par le faible coût de la vie. À Chiang Mai, un travailleur expatrié peut espérer y vivre pour 1 054 $ par mois, selon le site Nomad List. Mais les destinations courues pour leurs plages paradisiaques ou pour l'ambiance festive qui y règne n'attirent pas la voyageuse : « Ma première escale en tant que technomade, ce serait une grande ville, très animée. Peut-être en Asie. »