L'éclairage se tamise. Les chuchotements deviennent silence. Le parfum du maïs soufflé flotte dans l'air. Le rideau se lève. Puis, le grand écran s'illumine et le son ambiophonique nous prend d'assaut. Pour les 120 prochaines minutes, nous plongerons, envoûtés, dans un nouvel univers. À l'ère du divertissement à la maison et de la diffusion sur appareils portables, les salles de cinéma ont pourtant toujours leur place. Voici pourquoi.

On élève l'expérience à un autre niveau

« Mon ami Vincent Guzzo dit souvent qu'on a tous une cuisine, mais qu'on va quand même manger au restaurant », illustre Mario Fortin, directeur général des cinémas Beaubien, du Parc et du Musée. Même si les téléviseurs sont de plus en plus grands et les systèmes audio, de plus en plus sophistiqués, ça ne se compare aucunement aux équipements utilisés en salle. « Au cinéma Beaubien, notre salle la plus intime offre un écran de 17 pi et un système de son à 14 haut-parleurs et 8 amplificateurs - et on n'y joue pourtant pas de blockbusters ! »

On vit l'expérience collective

Lors de l'écoute en solo, une comédie paraît moins drôle. Un drame, moins prenant. Un film d'action, moins divertissant. « En salle, les réactions sont amplifiées », observe Mario Fortin, directeur général des cinémas Beaubien, du Parc et du Musée. Un éclat de rire dans un coin crée rapidement un effet d'entraînement. Lorsqu'on entend quelqu'un étouffer un sanglot, ça appelle nos propres larmes. « Pas besoin d'une salle comble - il suffit de quelques autres spectateurs pour que les émotions deviennent contagieuses », dit-il.

On demeure attentif pendant des heures

À la maison, la liberté de mettre un film en pause à tout moment invite aux distractions et aux interruptions : aller aux toilettes, ouvrir un deuxième sac de grignotines, remplir son verre... Et pourtant, rares sont ceux qui se lèvent pendant une représentation au cinéma, même devant une intrigue complexe s'étirant surplus de deux heures. « C'est comme au théâtre ou lors d'un concert de musique - quand ça se passe "là, maintenant" dans une salle, ça demande plus d'attention », mentionne Mario Fortin, directeur général des cinémas Beaubien, du Parc et du Musée. On ne veut rien manquer, alors on écoute.

On n'a pas besoin d'attendre pendant des mois

Par leurs efforts marketing, les studios passent des mois à nourrir l'intérêt pour leur prochain titre, qu'il s'agisse d'une histoire épique de superhéros ou du drame qui récoltera les grands honneurs aux Oscars. Lorsqu'arrive enfin la sortie officielle d'un film, il suffit d'un billet de cinéma pour combler son appétit. Si on préfère le voir à la maison sur Blu-ray ou par achat numérique, il faut patienter encore pendant de longs mois. Et avant Netflix, ajoutons quelques semaines ou mois de plus.

On sort de chez soi

« L'homme est un animal de meute - il n'est pas fait pour vivre encabané chez lui, mais bien pour être en groupe », croit Mario Fortin, directeur général des cinémas Beaubien, du Parc et du Musée. Une sortie au cinéma, c'est laisser le quotidien derrière pendant quelques heures et s'aventurer dans un autre décor. On admire les affiches des titres à venir. On marche doucement sur les tapis feutrés. On entend des bribes de conversation entre cinéphiles. On s'installe confortablement dans son fauteuil de cuir. On discute tout bas avant le début du film.

On savoure le moment. On vit la magie.