Rien ne le prédestinait à un futur d'entrepreneur. Pourtant, il n'a que 30 ans lorsqu'il se lance en affaires. Une décennie et des poussières plus tard, à la tête d'un des plus importants studios multimédias au Québec, il signe des productions pour la LNH et Céline Dion. Rencontre avec Andres Norambuena, le « p'tit gars » de Mascouche qui joue aujourd'hui dans la cour des grands.

« Je ne comprends pas trop ce que vous souhaitez raconter », affirme, avec une humilité sincère, Andres Norambuena, président de BLVD. « Tout ce qui m'arrive n'est pas le fruit de mon travail, mais bien celui de tous les artistes inspirants qui ont joint l'entreprise. Je ne suis que le rassembleur. »

Il est vrai qu'Andres a su s'entourer des meilleurs artisans, toutes disciplines confondues, pour proposer aujourd'hui une offre unique au Québec : un studio intégré de création multimédia, qui rassemble sous un même toit tout ce qui touche au son, à l'image, à la musique, à la projection, aux installations interactives et aux expériences immersives.

BLVD signe, depuis deux saisons (2017 et 2018), le numéro d'ouverture des matchs du Canadiens de Montréal au Centre Bell. L'entreprise a également participé, l'année dernière, à la tournée européenne de Céline Dion en relevant un défi : celui de réaliser plus de deux heures et demie de contenu vidéo interactif, qui devait s'agencer à l'éclairage du spectacle.

Que faut-il pour qu'un fils de premier immigrant, établi sur la Rive-Nord de Montréal, en arrive là ? « Ça prend une réelle connaissance... de ses défauts ! Ce n'est pas vraiment de la confiance en soi. C'est plutôt de bien savoir où t'es pas bon. C'est ça, la clé ! Parce qu'en sachant ça, tu ne fais jamais de faux pas. T'es transparent. T'es vrai. »

Andres Norambuena

L'adolescence n'a pas été simple pour Andres. Avec ses habiletés sociales durement développées au primaire - « quand tu es la seule minorité visible de ta ville, t'es mieux d'être drôle et cool » -, Andres devient vite le gars « de tous les partys, celui qui joue de la guitare et qui parle à tout le monde ». Mais il devient aussi rapidement celui qui erre avec les délinquants. « Mon père, réalisant où je me dirigeais, c'est-à-dire dans le très mauvais chemin, n'a fait ni une ni deux et m'a envoyé au pensionnat. Ç'a été difficile, mais je l'en remercie encore aujourd'hui. Me sortir de la mauvaise gang a changé ma vie. »

Plus tard, des études en conception sonore l'amènent, jeune adulte, à travailler dans un studio respecté, où il côtoie les créatifs du monde de la publicité. « De les observer sur plusieurs années gérer leur propre client et livrer des projets extraordinaires m'a donné les outils pour mieux gérer mon entreprise. »

C'est en 2006 qu'il se lance en affaires avec deux collègues pour fonder un studio de postproduction sonore. Mais Andres voit grand, et rapidement, le mixage et la conception audio ne sont plus suffisants : la création de musique originale est alors ajoutée à l'offre de service de la boîte. Puis la production vidéo. Puis la réalisation. Puis la production d'installations interactives et d'expériences immersives. Puis... « Oui, on voit grand, mais pas en matière de grandeur d'entreprise. C'est plutôt la qualité des projets qui nous stimule, peu importe leur grosseur. »

Aujourd'hui en discussion avec des clients de Toronto et des États-Unis, Andres est fier du chemin parcouru. « Je suis surtout fier de la gang de créatifs que j'ai réussi à rassembler. » Son mode de gestion y est pour beaucoup : un leadership axé sur le plaisir et la confiance. « La pire erreur qu'on puisse faire : engager des créatifs et leur dire quoi faire. Tant qu'à procéder comme ça, n'engage personne. Lorsqu'on leur donne carte blanche, ils nous amènent là où on n'aurait jamais pensé aller. » Même en Europe avec Céline.

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