La nature est une chimiste incomparable. Dans ses entrailles, elle fabrique des minéraux précieux, parfois même des joyaux, qu'on s'applique à extraire, à tailler, à polir, à sertir et à porter depuis des centaines d'années. Limpides ou colorés, translucides ou opaques, ces étonnants cailloux suscitent toujours autant d'émotions.

C'est bien de valeur !

Il n'y a pas si longtemps, on appelait pierres précieuses les gemmes d'exception que sont le diamant, le saphir, le rubis et l'émeraude. Or, il est de moins en moins pertinent de faire la distinction entre ces dernières et les autres pierres minérales et organiques. « C'est un peu dépassé comme concept », lance Marie-Hélène Corbin, gemmologue et présidente de l'École de gemmologie de Montréal. « Plusieurs autres magnifiques pierres comme les tourmalines Paraïba, les spinelles, les grenats ou la chrysoprase sont tout aussi précieuses, belles et rares. »

Le mot juste

Si l'on veut parler avec les connaisseurs, on privilégiera donc « pierres fines », une appellation qui inclut bien sûr le diamant, le rubis, le saphir et l'émeraude tout autant que le lapis-lazuli, la tanzanite, la perle ou le péridot. La surprise du néophyte? Certaines pierres fines qu'on désignait hier encore comme « semi-précieuses » - terme interdit dans le commerce depuis plus de 15 ans - ont autant de valeur, sinon plus, que les fameuses quatre gemmes traditionnelles. Les experts diront qu'il vaut mieux se procurer un superbe spinelle rouge noble qu'un rubis de piètre qualité.

Faire équipe avec les fines

Pour qu'une pierre soit qualifiée de gemme, elle doit répondre à certaines normes dans trois catégories : la beauté (mesurée par sa couleur, son éclat ou sa capacité à réfléchir la lumière), la durabilité (on doit pouvoir la porter longtemps sans qu'elle se brise) et la rareté. « Les diamants extraits de la terre ne sont pas tous beaux. Il en existe des opaques, remplis de fissures et dans des tons brunâtres que l'on réserve à l'usage industriel », fait remarquer l'experte. La quantité astronomique de minerai que l'on doit passer au peigne fin pour débusquer le moindre carat légitime la rareté d'une pierre. « Le corindon, par exemple, n'est pas un minéral exceptionnel, mais il n'est que très rarement rouge et tout à fait transparent. Si l'on en trouve, il s'agit de rubis. »

Branchées sur la tendance

Si les pierres fines sont à la mode depuis toujours, on assiste au retour en force de l'améthyste, de la turquoise, de la chrysoprase et de l'apatite. « On commence aussi à voir des pierres opaques facettées, alors qu'on les taillait généralement en cabochon », indique la spécialiste. Et, parce que tout ce qui est rétro est moderne, on ressort des boules à mites certaines coupes comme la taille en rose ou la marquise, et on les monte sur des bijoux à l'allure antique.

Dans les faits :

L'émeraude est fragile. Beaucoup moins dure que le diamant, elle possède une couleur verte unique qui compense largement ce léger inconvénient.

La poudretteite, une gemme très rare, a été découverte dans les années 1960 au mont Saint-Hilaire. Elle doit son nom à la famille Poudrette, qui possède une des plus grandes mines de cette pierre d'un rose délicat.

Crédit Robert Lavinsky

On connaît tous le diamant incolore, mais cette gemme se trouve aussi à l'état naturel en couleur fantaisie : jaune, vert, rose, bleu, noir, et très rarement rouge ou violet.

Crédit Robert Lavinsky

Au Canada, on trouve notamment des gisements de diamants (Territoires du Nord-Ouest), d'améthystes (Nouvelle-Écosse) et de labradorite (Labrador).

Apprenez-en davantage sur les pierres fines avec l'École de gemmologie de Montréal.