On lui doit le décor et l'ambiance de plusieurs bars et restaurants branchés de Montréal. Rencontre avec Guillaume Ménard qui, avec son studio Atelier Mainor, assouvit son désir de création. Tout en nous faisant voyager, le temps d'une soirée.

Guillaume Ménard a de la difficulté à trouver un titre juste pour son métier, à mettre le doigt sur une appellation qui lui convient et surtout qui représente bien son travail. Lui, l'autodidacte, qui a tout appris en travaillant avec son père, un ébéniste et entrepreneur en construction.

Designer d'intérieur? « Surtout pas. » 

Designer industriel? « Hummm... »

Créateur d'ambiance? « Peut-être. »

« L'autre jour, je suis tombé par hasard sur une citation de l'architecte français Jean Prouvé. Il disait : " Je ne suis pas un architecte, je ne suis pas un ingénieur, je suis un homme d'usine... " Ça me décrit bien, je trouve. Je suis avant tout un "gars de shop" qui aime travailler en équipe sur des concepts. »

Après que Guillaume Ménard eut signé les Mme Lee, Boucan, Red Tiger et Kamehameha Snack-Bar, sa dernière réalisation, le bar à saké Le Blossom, a bénéficié d'une importante couverture médiatique, en grande partie grâce à l'immense (faux) cerisier en fleurs qui trône au beau milieu de l'endroit. « Au début, je voulais mettre une fontaine! Puis, le nom a été choisi. Comme la lumière naturelle n'était pas suffisante pour qu'on plante un vrai cerisier, on a trouvé une entreprise chinoise qui en fabrique des faux. Après avoir été coincé pendant des mois à la douane de Vancouver, l'arbre est enfin arrivé... quelques jours seulement avant l'ouverture. On l'a assemblé en 25 minutes. Tout ça résume bien le processus de création : les idées de départ qu'on modifie, les revirements de situation, les contraintes qui s'ajoutent... »

Photo : Anne-Marie Baribeau

Voyager pour s'inspirer

Ses sources d'inspiration sont nombreuses. « Un détail architectural, une forme géométrique, une couleur, ça dépend. Les voyages sont aussi inspirants : je suis allé au Laos, au Vietnam, en Thaïlande. Je travaille sur deux nouveaux projets d'inspiration chinoise. Je suis allé me perdre dans les rues des quartiers chinois de Vancouver et de San Francisco. J'ai photographié certains détails architecturaux, des motifs de tuiles et même des grillages pour fermer des portes. Ce sont les détails de ce genre qui m'attirent le plus. »

Depuis l'ouverture du Blossom - après quelques années de galère -, le téléphone de l'artiste n'arrête pas de sonner. Sept autres projets « signés Guillaume Ménard » ouvriront d'ailleurs leurs portes en mai et en juin.  Fruit du hasard, toutes les nouvelles adresses seront à saveur asiatique... tout comme ses deux derniers projets, le Kamehameha Snack-bar et Le Blossom.  « Je ne veux pas faire que des établissements asiatiques, mais en même temps, ça ne me dérange pas. Je trouve que l'Asie est inspirante avec son côté techno futuriste et le mélange des cultures et des époques. »

Photo : Christian Brault

Le Blossom

Photo : Christian Brault

Le Red Tiger

Les Montréalais peuvent ainsi voyager, grâce à lui, le temps d'un repas ou de quelques verres. « C'est évident que les futurs clients sont aussi au coeur du processus de création. On ne se cachera pas qu'à l'heure d'Instagram, les gens veulent de beaux endroits où ils pourront se prendre en photo. Mais j'ose espérer, une fois leur photo prise, qu'ils vont passer une belle soirée, qu'ils vont se sentir bien et qu'ils vont ressentir quelque chose. »

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