Le Norvégien Petter Northug, souverain, a encore une fois coiffé tout le monde à la fin pour remporter à l'arraché la médaille d'or la plus prestigieuse en ski de fond aux Jeux olympiques de Vancouver, celle du 50 km messieurs.

Mais les Canadiens, menés par Devon Kershaw, ont encore une fois agréablement surpris. Kershaw a frôlé l'exploit en terminant cinquième, réalisant la plus grande performance canadienne de tous les temps dans ce marathon hivernal olympique.

Alex Harvey, épuisé, défait, a connu par ailleurs sa pire course des Jeux en terminant au 32e rang, tout juste devant son coéquipier Ivan Babikov.

George Grey, qui a animé le débat dans les premiers sept ou huit kilomètres de la course, a terminé à une très respectable 18e place. Il a pris le scalpe de gars comme le Suédois Marcus Hellner, médaillé d'or à ces Jeux, Pietro Piller Cottrer et Jean-Marc Gaillard.

Northug, qui en était à sa deuxième médaille d'or à Vancouver, a parcouru la distance en deux heures, cinq minutes et 35,5 secondes.

Il a rejoint l'Allemand Axel Teichmann à quelque 200 mètres de l'arrivée, ce qui représentait la pire nouvelle pour l'ancien gagnant du Globe de cristal. Northug est le plus fort du monde en double poussée. Tous ses adversaires le savent. Et quand il ouvre la machine, les autres en sont quitte pour les places d'honneur.

C'est ainsi que Teichmann a conclu en deuxième place, à trois dixièmes de seconde du Viking, et tout juste devant le Suédois Johan Olsson, une des révélations de ces Jeux.

L'Allemand Tobias Angerer, lui aussi ancien gagnant de la Coupe du monde et un sprinter redoutable en fin de course, a allongé la jambe à la toute fin pour ravir le quatrième rang à Kershaw.

«Je n'en reviens pas, a dit Kershaw. J'ai tellement bien exécuté le plan établi. Je voulais demeurer avec les leaders et tenter de conserver le plus d'énergie possible jusqu'à la fin. Il faut toujours demeurer tellement calme, tout en travaillant tellement fort. J'ai accompli tout ce que je voulais et même plus.

«Mais d'un autre côté, c'est décevant aussi de se retrouver à une seconde et demie de la médaille d'or d'une course aussi longue et aussi dure. C'est mon meilleur 50 km à vie. Je suis très fier de ma course. Quand je suis arrivé dans le stade, je ne pensais plus à rien. Je voulais continuer de pousser. Je savais que Northug était dans les parages. Il est le meilleur au monde.»

Kershaw était fier également du travail de tous ses coéquipiers et de l'équipe de techniciens au cours de ces Jeux. Les Canadiens ont obtenu sept «top 10» en ski de fond, du jamais vu.

«Je sais que je vais être très émotif quand je vais rencontrer nos préparateurs, a dit Kershaw. Ils ont fait un travail tout à fait exceptionnel. George (Grey) a travaillé avec moi une bonne partie de la course et Ivan (Babikov) et Alex (Harvey) ont connu des Jeux exceptionnels. Nous ne pensions jamais obtenir autant de succès.»

Grey était tout à fait d'accord.

«C'est formidable ce que Devon et nous tous avons accompli ici à Whistler, a-t-il dit. Maintenant, les autres nations nous craignent. Nous avons montré que nous sommes maintenant devenus une des équipes avec lesquelles il faut composer.»

Journée dégueulasse

Harvey avait déjà mérité une neuvième place en poursuite, une quatrième place au sprint par équipe. Il en était à sa cinquième course des Jeux et il a connu une journée effroyable.

«Ce fut une journée dégueulasse, a-t-il dit la mine déconfite. Après deux kilomètres seulement, je savais que je n'étais pas dans le coup aujourd'hui.

«J'ai fait une chute, mais cela n'a rien à y voir. J'étais déjà dans le rouge quand ça s'est produit.

«En fait, il n'y avait pas tellement de pression sur nos épaules. Nous étions des négligés dans le fond. Nous pensions que nous avions des chances de médailles et nous l'avons prouvé en quelques occasions. Ce fut le cas aujourd'hui, le cas d'Ivan en poursuite, notre cas à Devon et moi en sprint par équipe. Nous avons été près du but souvent.

«Mais aujourd'hui, moi je n'étais pas là du tout. Mais je n'ai jamais eu l'idée d'abandonner. J'ai skié à l'économie pour terminer la course. Demain, je ne penserai même plus à cette course. Ce matin j'ai choisi des skis rapides. C'est ce qu'il faut faire quand on espère un podium. Mais aujourd'hui je n'étais pas en bonne forme. Je n'ai pas bien écrasé les skis.

«Je ne peux pas dire que j'étais fatigué. J'ai fait cinq courses ici. Northug en a fait six. Il a fait tout le Tour de ski et le championnat de Norvège par la suite. Mais je dois dire encore qu'on a eu des Jeux extraordinaires. Mais c'est de ce 50 km que j'espérais le plus. C'est décevant d'y connaître mon pire résultat. Mais je commence tout juste ma carrière.»

Un autre grand perdant dans cette course a été le Suisse Dario Cologna, gagnant de la Coupe du monde l'an dernier. Il était du groupe de tête avant de chuter dans le dernier virage.

«C'est très dur à avaler, a-t-il dit. J'étais si près d'une médaille.» Il a finalement terminé 10e.

Quant à Northug, il a mentionné que la fin de course avait été plus difficile qu'il y paraissait.

«Teichmann allait très vite. Je sais qu'il est un sprinter redoutable. J'ai tout donné. J'ai bien exécuté mon plan de match. Je savais que je devais tout donner à la fin.»

Quant à l'Allemand, il a reconnu que l'adversaire était de taille.

«Je suis aussi un bon skieur. Je savais que je devais agrandir l'écart dans la dernière montée. Mais en début de course, je ne pensais jamais gagner l'argent.»