Ce ne sont pas nécessairement tous les noms qu'on prévoyait, mais le Québec sera représenté en masse sur les pentes de Whistler aux prochains Jeux olympiques de Vancouver. Des 19 membres de l'équipe canadienne de ski alpin dévoilés mercredi, huit proviennent du Québec, un sommet.

Sans surprise, les Erik Guay, Julien Cousineau, Brigitte Acton et Marie-Michèle Gagnon ont reçu la confirmation de leur sélection. À ces valeurs sûres s'ajoutent Ryan Semple, Jeffrey Frisch, Louis-Pierre Hélie et, la grande surprise, Anna Goodman, victime d'une rupture du ligament croisé antérieur droit au début du mois.

Ce total de huit skieurs surpasse l'ancienne marque de sept aux Jeux olympiques d'Oslo, en 1952. Ils avaient alors pour noms Bertrand, Griffin, Hewson, Richardson, Schutz, Wheeler, Wurtele-Eaves...

Évidemment, les nombreuses blessures ont changé les plans des dirigeants de l'équipe canadienne. Mais la forte représentation québécoise n'est pas qu'attribuable à ce facteur.

Jean-Philippe Roy et François Bourque étaient virtuellement assurés de participer aux Jeux avant de se blesser au genou, tandis que l'état de santé de Geneviève Simard, nouvelle retraitée, l'a empêchée de se faire justice.

Alpin Canada, qui maintient malgré tout son objectif de trois podiums, espère toujours recevoir trois places supplémentaires pour les Jeux. Dans ce cas, Marie-Pier Préfontaine, de Saint-Sauveur, et, qui sait, Ève Routhier, de Sherbrooke, pourraient recevoir un appel.

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Erik Guay, Mont-Tremblant, 28 ans, 2e participation olympique

Vétéran de l'équipe masculine, il a «éprouvé des ennuis» cette saison, en particulier en descente, comme l'a souligné Max Gartner, directeur exécutif de Canada Alpin. Mais les bons résultats de l'athlète de Mont-Tremblant en super-G, dont une cinquième place à Kitzbühel vendredi dernier, laisse croire à Gartner qu'il représente un espoir de médaille dans cette discipline. «Les entraîneurs cherchent une façon de lui donner confiance et de le relancer en descente, mais on est heureux qu'il ait pu obtenir un bon résultat juste avant les Jeux, a-t-il souligné. On espère qu'il pourra en tirer de la confiance. Aussi, il aime le parcours de Whistler et on est heureux de le voir arriver sur du positif.»

Julien Cousineau, Lachute, 29 ans, 1ère participation olympique

Il aurait sans doute été choisi par les entraîneurs, mais Julien Cousineau était très heureux d'avoir accédé à l'équipe olympique par la grande porte, soit en se classant au moins deux fois parmi les 12 premiers en Coupe du monde. Le slalomeur de Lachute a réussi sa meilleure course à vie en finissant cinquième du slalom de Schladming, mercredi dernier. Rapide et inconstant la saison dernière, il a transformé son approche mentale, a rappelé Max Gartner. «Il a monté d'une coche, en particulier de la façon dont il a fait fi de la pression devant 50 000 personnes à Schladming. Il s'est rendu en bas et a pris la tête. Il est passé d'un gars qui peut obtenir un bon résultat à un gars qui peut gagner une médaille.»

Jeffrey Frisch, Mont-Tremblant, 25 ans, 1ère participation olympique

Natif d'Italie, il a grandi à Gray Rocks, dans les Laurentides. Deuxième du classement général de la Coupe Nor-Am la saison dernière, on l'a peu vu en Coupe du monde jusqu'ici. Il a néanmoins fini 21e du slalom géant de Beaver Creek, en décembre. Il a clairement profité des blessures à John Kucera, Jean-Philippe Roy et François Bourque, trois spécialistes du slalom géant. S'il skie bien, une participation au super-G n'est pas impossible.

Louis-Pierre Hélie, Berthierville, 24 ans, 1ère participation olympique

Le bon gars par excellence, il a ouvert bien des yeux avec sa 22e place - malgré le dossard 60 - lors de la descente d'ouverture de Lake Louise, en novembre. Il a été beaucoup plus discret par la suite, ratant son coup lors des trois combinés, l'épreuve où il espérait se qualifier pour les Jeux. Après une sortie difficile à Wengen, les entraîneurs ont décidé de lui épargner l'intimidante Kitzbühel. Finalement, il aura sa chance en descente et en super-G aux JO, mais il devra se qualifier. L'équipe canadienne déléguera en effet six représentants pour les descentes d'entraînement, sans compter les skieurs potentiels pour le super combiné. Les quatre meilleurs seront retenus pour la descente officielle. Hélie, fier membre du club du Mont-Sainte-Anne, pourrait quand même être retenu pour le combiné.

Ryan Semple, Montréal, 27 ans, 2e participation olympique

Écarté de l'équipe la saison dernière, il a refait ses classes dans le circuit de développement Nor-Am. L'équipe canadienne l'a réintégré sous certaines conditions, dont celle d'avancer les frais pour sa saison, une bagatelle de quelque 30 000 dollars. Les entraîneurs canadiens s'attendaient à le voir obtenir du succès en slalom, mais c'est plutôt en combiné où il s'est démarqué. Il a entre autres pris le 11e rang à Kitzbühel dimanche dernier. «Il a puisé au plus profond de lui-même et il est revenu, a souligné Max Gartner. On a désespérément besoin de quelque chose en super combiné. S'il réussit deux descentes sans faute, on s'attend à un top 10 de sa part.»

Brigitte Acton, Mont-Tremblant, 24 ans, 2e participation

Elle ne revendique que deux 10e places en Coupe du monde, mais Max Gartner croit la slalomeuse en en mesure de causer une surprise à Whistler: «Elle a l'habitude de connaître ses meilleures courses lors des grands événements. L'an dernier, elle a failli gagner une médaille aux Mondiaux.» Aux Jeux de Turin, en 2006, elle avait fini 10e (combiné), 17e (slalom) et 11e (slalom géant). La saison en cours a été plus pénible. Deux 17e places à Lienz et Levi sont ses meilleures classements. La blessure à son grande amie Anna Goodman semble l'avoir affectée.

Marie-Michèle Gagnon, Lac-Etchemin, 20 ans, 1ère participation olympique

Elle doit sa qualification à deux excellents résultats l'hiver dernier - 9e à Cortina et 8e à Ofterschwang - et à sa 14e place au slalom d'ouverture de Levi, à la mi-novembre. Depuis, c'est beaucoup plus difficile, avec une série d'abandons et de non-qualifications pour la deuxième manche. Skieuse au potentiel énorme, les dirigeants de l'équipe souhaitent qu'elle puisse se replacer d'ici aux Jeux. «On s'attend à beaucoup plus», a indiqué Robert Rousselle, directeur de gestion à Alpin Canada.

Anna Goodman, Pointe-Claire, 24 ans, 1ère participation olympique

LA surprise de la sélection canadienne. Pas plus tard que le 8 janvier, elle nous confirmait la fin de sa saison à la suite d'une rupture du ligament croisé antérieur droit. Son ligament est toujours déchiré, mais le reste du genou est en excellent état. En slalom, elle ne court pas de risque d'aggraver sa condition, ont assuré les médecins de l'équipe. «Je ne voulais pas en parler parce que je n'étais pas certaine, mais les choses vont tellement bien», a confié Goodman, qui recommencera à skier dès la semaine prochaine. Elle portera un harnais - «rose» a-t-elle précisé sur Twitter - et elle devra démontrer son retour en forme sur la neige avant d'obtenir son dossard olympique. «Une Américaine, Koznick, l'a fait à Turin, même si ça a moyennement bien marché, a expliqué Robert Rousselle. On verra ce que ça donne et ça servira pour nos recherches futures.»