Le skieur suisse Daniel Albrecht a évoqué son retour à la compétition, jeudi à Kitzbühel, là où un an plus tôt il avait été victime d'une violente chute qui lui avait valu trois semaines de coma artificiel.

«Je vais très bien, je suis très heureux et très fier d'être encore là. J'ai eu beaucoup de chance», a témoigné le Haut-Valaisan, marqué et visiblement ému, lors d'une conférence de presse dans la station autrichienne.

«J'étais curieux de voir comment je réagirais, comment mon corps réagirait et je suis soulagé de constater je me sens toujours bien à Kitzbühel», a-t-il expliqué, à la veille de la descente la plus cotée de la Coupe du monde de ski alpin.

«La question de quand je reviendrai est relativement peu importante. Je pourrais sans doute réaliser un résultat moyen dès à présent. Mais pour gagner à nouveau des épreuves il faut encore énormément de travail. Gagner pour moi sera beaucoup plus difficile que jadis», a confié le champion du monde 2007 de super-combiné, qui a repris l'entraînement l'été dernier.

«Je pourrais courir mais ce serait trop tôt. Il ne faut pas que j'oublie que je me relève de blessure. Beaucoup d'athlètes dans cette situation se reblessent rapidement», a ajouté le skieur de Fiesch.

Blessé à la tête et à un poumon lors d'une chute dans le saut final de la Streif, lors du second entraînement de la descente le 22 janvier 2009, Albrecht avait été plongé dans un coma artificiel avant d'être rapatrié en Suisse.

Le skieur, à près de 140 km/h, avait été propulsé dans les airs, avant de retomber lourdement sur le dos et rouler plusieurs fois sur lui-même comme un pantin.

«Tout réapprendre»

Victime d'un traumatisme crânien, avec une hémorragie cérébrale, et d'un aplatissement d'une partie du poumon, il a subi plusieurs mois de rééducation pour réapprendre à parler et à se mouvoir normalement.

«Ce n'est pas encore parfait, il m'arrive encore de ne pas trouver mes mots. Idem pour le ski, notamment en slalom. Il y a des réflexes techniques qui ne sont pas encore là à 100%. Mais l'essentiel est que j'ai toujours mes sensations», a-t-il indiqué.

«Je dois retrouver ma condition, ma technique, je dois tout réapprendre selon les types de piste et de neige. Heureusement, ça va plus vite qu'un apprentissage initial».

«Il fait de gros progrès d'un mois sur l'autre, mais un retour aurait été prématuré», a considéré le responsable de l'équipe suisse, Martin Rüfener.

Albrecht, qui ne garde aucun souvenir de la chute proprement dite, a confié que les trois semaines de coma, au terme desquelles il n'avait pas reconnu ses proches, avaient laissé des séquelles.

«J'ai perdu le rapport à mon propre passé. Je m'en rappelle, mais c'est un peu comme si j'avais vu un film», a-t-il dit.