Pour se détendre juste avant sa compétition, Alexandre Bilodeau a écouté le dernier spectacle de l'humoriste Louis-José Houde sur son iPod.

«J'avais l'air un peu fou. Je riais tout seul», a-t-il raconté en conférence de presse au lendemain de sa victoire historique, déclenchant un fou rire général.

Depuis qu'il a remporté la première médaille d'or olympique du pays en sol canadien, tout le monde s'arrache le skieur acrobatique québécois. Doté d'un grand sens de l'humour et d'une bonne dose d'humilité, il charme tous ceux qu'il croise.

L'athlète de 22 ans est arrivé à la conférence de presse encadré de deux policiers, lundi midi. «Des jeunes femmes, de pures inconnues, lui sautent au cou depuis sa victoire», a souligné à La Presse l'une des attachées de presse du Comité olympique canadien.

Le jeune homme a perdu le compte des entrevues auxquelles il a participé. «Qu'avez-vous fait depuis dimanche soir?», lui a demandé une reporter au centre des médias non-accrédités, situés au centre-ville de Vancouver. «J'espère que vous avez du temps», lui a répondu l'athlète, déclenchant de nouveaux rires.

Après sa victoire de dimanche, il a répondu aux questions de journalistes à Cypress Mountain, puis à celles des reporters de Vancouver, si bien qu'il a regagné sa chambre au Village des Athlètes au beau milieu de la nuit pour... 45 minutes. «J'ai pris une douche. J'ai essayé de dormir, mais c'était impossible.» Trop d'adrénaline. Et d'autres entrevues à faire.

À 3h du matin, il était dans le studio du réseau américain NBC, puis en entrevue avec un reporter du USA Today. Retour à la chambre à 6h du matin où il a réussi à dormir trois heures. À 9h, il a dû faire ses bagages et quitter sa chambre pour laisser la place à ses coéquipiers sauteurs, dont la compétition commence.

Le jeune homme se dit «chanceux» d'avoir gagné. «Le sport du ski acrobatique présentement est à un niveau de compétition tellement élevé. Dimanche soir, il y aurait pu y avoir dix personnes qui auraient pu finir sur la dernière marche du podium», a-t-il signalé.

Il s'excuse presque d'avoir gagné la première médaille d'or canadienne.

«Je ne contrôle pas l'horaire des Jeux. La première médaille d'or ne vaut pas plus que la seconde qui sera gagnée ou la troisième. Elles ont toute la même valeur», a-t-il indiqué. Il ne croit pas qu'il devrait avoir droit à une place particulière dans l'histoire du sport au pays. Il a tourné cela à la blague. «Je vais me retrouver dans le jeu Trivial Pursuit», a dit le skieur de Rosemère au sourire craquant.

Le chef de l'équipe canadienne de ski acrobatique, Peter Judge, trouve son protégé trop humble.

«Il vous dit qu'il ne contrôle pas l'horaire des Jeux, mais ce qu'il a fait est vraiment extraordinaire», a souligné M. Judge avant de remercier encore une fois les entreprises privées et le gouvernement canadien qui ont injecté des millions dans le programme «À nous le podium» pour permettre aux athlètes amateurs du pays d'améliorer leurs conditions d'entraînement en vue des JO.

Superstitieux, Alex?

Avant sa course, Alex Bilodeau a refusé de toucher à la médaille d'argent gagnée la veille par son amie et coéquipière Jenn Heil - ils ont le même entraîneur.

«Je ne sais pas si je suis superstitieux. Ça se mérite une médaille. Je voulais en gagner une pour pouvoir y toucher», explique-t-il. Avant de s'élancer du haut de la piste dimanche soir, l'athlète a serré son entraîneur, Dominick Gauthier, une dernière fois dans ses bras. «Je lui ai dit un mot, raconte-t-il. Merci.»

Il n'est pas le seul de la famille Bilodeau à cumuler les entrevues. Son frère, Frédéric, 29 ans, atteint de paralysie cérébrale, a aussi fait le tour des médias, lundi. Son histoire a touché bien du monde. «Vous avez vu le sourire de mon frère à la télé, quand j'ai gagné. Il est toujours comme ça, même s'il aurait toutes les raisons de se plaindre. Cette médaille d'or est pour lui», a ajouté le jeune sportif.

En soirée, après avoir reçu sa médaille, il a confié à La Presse, les yeux pleins d'eau, qu'il s'empresserait d'aller mettre autour du cou de son grand frère.

Dans quelques jours, Alex Bilodeau retournera à l'entraînement. Il lui reste cinq courses avant de compléter sa saison sur le circuit de la Coupe du monde. Défendra-t-il son titre olympique dans quatre ans aux Jeux de Sotchi en Russie? «Je vais voir une année à la fois», a-t-il répondu. Il va d'abord savourer cette médaille-ci avec son clan. «J'ai tellement hâte de passer du temps avec mes parents, avec mon frère», a-t-il conclu. Il compte aussi profiter des prochains jours pour encourager les autres athlètes canadiens dans les estrades. «On est arrivés ici en équipe. On va repartir en équipe.»

Vraiment très humble.