S'il faut en croire les bosseurs de l'équipe canadienne de ski acrobatique, la disette de médaille d'or du Canada lorsque les Jeux olympiques ont lieu au pays tire à sa fin.

D'une seule voix, ils ont répété, lundi matin, au lendemain de leur arrivée à Vancouver, que les attentes élevées placées en eux ne les intimident nullement. Pas plus d'ailleurs que la perspective d'avoir l'opportunité de remporter cette première médaille d'or aux Jeux de Vancouver dès la première journée de compétition, samedi.

Même si tous les yeux seront tournés en direction de la finale des bosses, samedi soir, où la Montréalaise d'adoption Jennifer Heil défendra son titre de championne olympique, la tâche ne reposera pas uniquement sur elle. Le skieur Manuel Osborne-Paradis se veut également un espoir de médaille d'or lors de la descente de samedi, tout comme le patineur de vitesse courte piste Charles Hamelin, dans le 1500 mètres.

Quoi qu'il en soit, Heil affiche une confiance tranquille.

«Les attentes sont énormes pour qu'on remporte cette première médaille d'or au Canada. Mais n'ayez crainte, ça va se produire. Nous n'avons jamais eu une équipe aussi forte. Je suis excitée de vivre cette expérience», a révélé Heil, en faisant allusion à l'ensemble de l'équipe canadienne composée de 206 athlètes à Vancouver.

«L'équipe est si forte que ça enlève de la pression, a surenchéri Peter Judge, chef de la direction à l'association canadienne de ski acrobatique. Beaucoup d'athlètes sont capables de bien faire.»

Pour Dominick Gauthier, l'entraîneur personnel de Heil et compagnon de vie, il ne fait aucun doute qu'elle est prête pour le grand jour.

«Elle sait depuis quatre ans ce qui s'en vient. Vous pouvez être certain qu'elle est prête à faire face à la musique pour la première journée des jeux.

«Jenn est une athlète qui porte attention à tous les moindres détails. Tant physiquement que mentalement, elle n'a laissé aucun détail de côté pour ces jeux.»

Outre Heil, l'équipe féminine des bosses est complétée par Kristi Richards, de Summerland, C.-B., et par la Montréalaise Chloé Dufour-Lapointe, la plus jeune du groupe à 18 ans.

«J'ai le coeur qui bat plus vite mais j'ai tellement hâte de skier le parcours», a confié Dufour-Lapointe.

Performance de sa vie

Chez les hommes, qui disputeront leur épreuve dimanche, les espoirs sont aussi élevés, notamment pour le Montréalais Alexandre Bilodeau, champion en titre de la Coupe du monde.

«Je suis plus prêt que jamais et j'ai hâte que ça commence, a-t-il déclaré avec conviction. J'espère offrir la performance de ma vie.»

Après avoir assuré sa sélection pour les Jeux de Turin à 18 ans, Bilodeau avait le potentiel de monter sur le podium en 2006. Mais une erreur à la réception d'un de ses deux sauts l'avait relégué au 11e rang.

Certains affichent une certaine inquiétude cette saison puisque Bilodeau n'est pas aussi dominant que l'an dernier. En sept épreuves de la Coupe du monde, il n'a toujours pas remporté une victoire et obtenu seulement trois podiums.

Gauthier, qui a également pris Bilodeau sous son aile depuis quelques années, ne s'en formalise pas.

«Je vois au-delà des résultats. Oui, il n'a pas gagné à toutes les semaines comme il l'a fait l'année dernière. Mais il ne fallait pas s'attendre à ça. L'Australien Dale Begg-Smith - actuel meneur de la Coupe du monde des bosses - est de retour en force et le Français Guilbaut Colas n'a plus mal au dos. La compétition est plus féroce.

«Mais je vois un Alexandre Bilodeau plus prêt qu'il ne l'aurait été l'an passé. Il est confiant, calme. J'adore ce que je vois de lui.»

Bilodeau sera entouré du vétéran Pierre-Alexandre Rousseau, de Drummondville, qui participe à ses premiers Jeux olympiques, de Vincent Marquis, de Québec, et de Maxime Gingras, de Montréal.

L'an dernier, à la Coupe du monde disputée au Mont Gabriel, Marquis, Bilodeau et Rousseau avait signé un triplé. S'agit-il d'un scénario envisageable à Cypress Mountain, dimanche?

«Ce n'est pas quelque chose auquel nous pensons, a noté Bilodeau. Quand ça arrive, ça arrive. Mais la compétition est forte dans notre sport actuellement. Cette année, tous les concurrents ont élevé leur niveau d'une coche.»