Un doublé canadien aurait été imaginable. Mais sur la glace très lente de l'Anneau olympique de Richmond, seule Kristina Groves est finalement parvenue à monter sur le podium de l'épreuve la plus exigeante du patinage de vitesse longue piste, le 1500 m.

Médaillée de bronze dans le 3000 m, il y a huit jours, la patineuse originaire d'Ottawa a cette fois gagné l'argent, comme à Turin, en 2006. Son temps de 1:57.14 l'a laissée à court de 25 centièmes de la médaillée d'or, la Néerlandaise Ireen Wust. Sa coéquipière Christine Nesbitt, gagnante du 1000 m mercredi dernier, a fini sixième.

«Pour moi, la course d'aujourd'hui a été la plus difficile depuis le début des Jeux, a dit Groves, qui avait fini quatrième dans le 1000 m. Toutes les épreuves ont leur difficultés, mais dans le 1500, on goûte parfois le sang dans nos poumons. C'est une combinaison de sprint et d'endurance. Ça fonctionne bien pour moi: même si je n'ai pas la meilleure vitesse de pointe dans le 1000 ni la meilleure endurance dans le 3000, je suis forte dans les deux et ça fait une bonne combinaison pour le 1500. »

Groves a connu un départ inhabituellement rapide. Son ouverture et son premier tourcomplet ont été parmi les plus rapides de la journée. Son seul regret était de s'être tendue légèrement dans les deux cents mètres précédant la ligne d'arrivée. «On recherche toujours la course parfaite et je ne l'avais pas tout à fait aujourd'hui», a-t-elle dit.

L'entraîneur québécois Gregor Jelonek, qui épaule Groves et Clara Hughes à Vancouver, était néanmoins impressionné. «Il faut être fier. J'ai trouvé qu'elle s'était battue jusqu'au bout, a-t-il dit. Il y avait beaucoup de pression parce que quelques filles avaient fait de bons temps avant elle. Et elle a répondu en égalant pratiquement son meilleur chrono en carrière à Richmond. La Hollandaise était juste trop forte aujourd'hui. Elle a fini son dernier tour comme une bombe.»

Le podium, complété par la Tchèque Martina Sablikova, montre clairement que les patineuses d'endurance avaient l'avantage sur les spécialistes des plus courtes distances, comme Nesbitt. Wust a gagné l'or dans le 3000 m à Turin et Sablikova l'a fait à Vancouver.

Deuxième au classement de la Coupe du monde sur la distance, derrière Groves, Nesbitt était sixième après un tour et cinquième après deux. Ceux qui la connaissent ont tout de suite compris que le podium risquait de lui échapper. «D'habitude, j'ai le premier et le deuxième tours les plus rapides, ou presque, et ensuite je m'accroche jusqu'à la fin. Mais je n'ai pas eu les meilleurs deux premiers tours cette fois-ci», a dit Nesbitt, pas mal plus sereine qu'après sa victoire à l'arraché -eux centièmes- dans le 1000 m. Son entraîneur Marcel Lacroix a résumé le sentiment général: «Ce n'était pas une glace pour sprinters.»

La médaille de Groves était la quatrième de sa carrière olympique, entreprise aux J.O. de Salt Lake City. Elle a aussi gagné l'argent en poursuite par équipe à Turin. Elle pourrait en ajouter deux à sa collection d'ici la fin des Jeux, puisqu'elle participera au 5000 m et à la poursuite par équipe.Malchance

Également engagée dans le 1500 m, hier, Brittany Schussler, de Winnipeg, aurait pu causer une surprise. Mais elle a joué de malchance. En sautant sur la glace juste avant la course, elle a constaté que la lame d'un de ses patins était abîmée. Le temps qu'un technicien la répare, il était trop tard pour compléter ses tours d'échauffement. Elle a pris le 35e et avant-dernier rang. Quant à la championne en titre et quintuple médaillé des Jeux de Turin, Cindy Klassen, elle a terminé en 21e place.