Avant la finale du relais 3000 m, comme avant chaque course, Kalyna Roberge, Jessica Gregg et Marianne St-Gelais ont touché tour à tour le pendentif au cou de leur coéquipière Tania Vicent. En frottant ce bréchet (wishbone), les filles ont fermé les yeux et visualisé leur course.

La vétéran de l'équipe canadienne a un autre pendentif, un ruban rose symbole de la lutte contre le cancer du sein, qu'elle est la seule à pouvoir toucher. Elle le porte en mémoire de sa mère décédée de cette maladie il y a six ans.

Puis les filles ont poussé leur cri de ralliement: «Hoo pa! Hoo ha ha!» inspiré d'une réplique d'un film de Walt Disney: «Shark bait! Hoo ha ha!»

«Je crois que ça vient du Roi lion», a dit Tania Vicent en décrivant leur rituel aux journalistes au centre des médias non accrédités de Vancouver, au lendemain de leur médaille d'argent remportée au relais 3000 m à la suite de la disqualification des Coréennes.

«Ben non, c'est Nemo», l'a corrigée sa jeune coéquipière, Marianne St-Gelais, 20 ans. «Désolée, j'ai 34 ans, je n'ai pas vu ces films», a répliqué celle que l'équipe canadienne de patinage courte piste surnomme affectueusement «la vieille», déclenchant ainsi un rire parmi ses coéquipières.

Le leadership de Vicent dans cette équipe saute aux yeux. Autant, sinon plus, que la chimie qui unit les patineuses, malgré leurs différences. En conférence de presse, les filles l'ont laissée répondre aux questions les plus difficiles, du genre: pourquoi les Canadiennes gagnent plus de médailles que les hommes depuis le début des Jeux?

Vicent les remet aussi gentiment à leur place lorsqu'elles en font un peu trop. Comme lorsque la pétillante Marianne St-Gelais, du haut de ses 20 ans, décrit à un journaliste combien elle a «apporté énormément à l'équipe plus vieille avec sa fraîcheur». «Elle se lance des fleurs, elle-là», a dit Vicent, suscitant de nouveaux rires dans le groupe.

Mercredi soir, l'athlète de 34 ans est devenu la première Canadienne à remporter une médaille dans quatre Jeux olympiques consécutifs. «L'année passée, j'étais classée au 14e rang au Canada. Alors, de m'être battue pour me qualifier et de représenter le Canada avec des jeunes filles, des JEUNES filles me rend fière de moi», insiste celle qui en est à ses derniers Jeux.

Vicent, Roberge et Gregg se sont qualifiées pour les quarts de finale de l'épreuve de 1000 m ce soir.

Vicent a atteint une seule finale individuelle aux Jeux olympiques dans sa carrière. Et c'était ici à Vancouver au 1500 m, samedi, lorsqu'elle a terminé huitième. Elle souhaite atteindre la finale ce soir. «C'est sûr qu'avec tout ce qui est arrivé: la mort de la mère de Joannie Rochette, celle du lugeur, ça remet les choses en perspective. Ce qui est surtout important pour moi, c'est de tout donner demain (ce soir) pour ne pas avoir de regrets», a souligné la «vieille» - on devrait plutôt dire sage - patineuse.

Parmi les trois, celle qui est considérée comme la favorite pour atteindre la finale, est Kalyna Roberge. «Cette médaille-là nous a enlevé un stress. Je vais vraiment être plus relax demain (aujourd'hui)», a dit la patineuse qui en est à ses deuxièmes Jeux olympiques. Roberge a produit en deçà de ses attentes aux épreuves du 500 m et du 1500 m. L'athlète de Saint-Étienne-de-Lauzon pourrait bien renverser la vapeur ce soir, selon le chef d'équipe du patinage de vitesse courte piste, Yves Hamelin.