Quand la famille St-Gelais ne peut fêter l'anniversaire d'un enfant à la date exacte, la tradition veut qu'on le souligne quand même avec un gâteau Jos. Louis accompagné d'une chandelle. Mercredi soir, les parents St-Gelais étaient au Pacific Coliseum de Vancouver. Comme la nourriture de l'extérieur y est interdite, ils ont dû laisser tomber le Jos. Louis pour la «fête reportée» de leur fille Marianne. Le champagne a fait l'affaire.

Le jour de ses 20 ans, Marianne St-Gelais est passée à l'histoire, remportant la médaille d'argent du 500 mètres des Jeux olympiques de Vancouver.«Je suis encore une recrue, mais je pense que je viens de me faire un nom!» a lancé la patineuse de Saint-Félicien peu après la course.

St-Gelais a connu l'un de ses départs explosifs caractéristiques pour s'installer au deuxième rang, position qu'elle a conservée jusqu'à la fin. En franchissant la ligne d'arrivée, la pétillante athlète a joint ses mains devant son visage avant de lâcher un immense cri de joie qui a duré presque un tour de patinoire.

Elle a ensuite sauté dans les bras de sa coéquipière Kalyna Roberge, qu'elle avait éliminée en demi-finale, avant d'aller étreindre son entraîneur Sébastien Cros. St-Gelais a ensuite fait quelques tours de glace en brandissant le drapeau canadien sous la clameur de quelque 14 000 spectateurs ravis par cette sixième médaille locale à Vancouver.

Quelle façon de célébrer son 20e anniversaire! «C'est un beau cadeau, certain! a déclaré St-Gelais encore surexcitée. On ne le réalise pas beaucoup. J'ai une médaille d'argent aux Jeux olympiques. Je vais peut-être le réaliser plus tard. C'est sûr que je suis super fière de moi. J'ai fait une belle course.»

Sans surprise, la médaille d'or a été remportée par la Chinoise Meng Wang, qui s'était aussi imposée à Turin en 2006. L'Italienne Arianna Fontana était sur les talons de St-Gelais vers la fin de la course, mais elle a dû se contenter du bronze.

Sous les gradins, Charles Hamelin, le copain de Marianne, était rongé par la nervosité en regardant la course sur un écran de télé. «C'est la plus grande émotion de ma vie! a-t-il lâché, les yeux humides, quelques minutes plus tard. Même plus que si moi-même je gagnais une médaille. La seule chose qui pourrait surpasser ça, c'est une bague.»

En matinée, St-Gelais est allée réveiller son copain. Elle voulait qu'il soit le premier à lui souhaiter bonne fête... et une médaille.

À l'été, Hamelin avait pourtant dû la convaincre qu'elle avait le potentiel de se qualifier pour les Jeux. «Là, la gloire vient de lui tomber dessus, a fait remarquer Hamelin. Je lui souhaitais vraiment. C'est le meilleur cadeau qu'on puisse imaginer.»

De son côté, l'entraîneur Sébastien Cros avait fixé des objectifs réaliste (top 8), ambitieux (une finale) et rêvé (un podium) à sa jeune protégée.

«Je savais que c'était possible, mais c'est tellement imprévisible en courte piste, a expliqué la championne du monde junior pour expliquer cette réserve à l'approche des Jeux. On ne sait jamais ce qui peut arriver. Les éléments étaient tous là pour que je réussisse aujourd'hui. C'est un rêve qui se réalise, c'est sûr.»

Jessica Gregg, l'autre Canadienne en finale, ne s'est jamais remise d'un petit accrochage avec Fontana peu après le départ. L'Albertaine a fini quatrième.

La joie de St-Gelais contrastait avec la peine de Roberge, qui a revécu la même déception qu'à Turin. Classée deuxième au monde, l'athlète de Saint-Étienne-de-Lauzon a été éliminée en demi-finale, finissant troisième derrière St-Gelais. Les deux coéquipières se sont un peu frottées au départ, mais ce n'était rien d'irrégulier, a reconnu Roberge.

«Je me dis que ma place n'est peut-être pas de gagner une médaille, mais d'aider mon équipe à gagner», a dit l'ancienne championne mondiale, inconsolable.

St-Gelais a pu célébrer son triomphe au champagne. La veille de son anniversaire, elle avait en effet demandé à Yves Hamelin, chef d'équipe et son beau-père, de lui acheter une bouteille pour sa fête. Il y aura eu deux raisons de sabrer.