La confiance est un sentiment bien fragile. Cynthia Phaneuf le sait trop bien. Juste avant de sauter sur la glace du Pacific Coliseum pour l'échauffement, hier soir, la patineuse de Contrecoeur en était pleinement habitée.

«Neuf sur 10». Ainsi évaluait-elle sa première expérience olympique jusque-là. Six minutes plus tard, tout s'est écroulé.

Taraudée par le doute, Phaneuf a offert un programme libre à des milles de ses attentes. Elle a fait une chute, a transformé un triple salchow en double, a simplifié un axel et a laissé tomber un double boucle.

Quand la musique de Mission Cléopâtre s'est arrêtée, la grande Cynthia a roulé les yeux au plafond de l'aréna. Elle aurait tellement voulu bien faire, impressionner les Canadiens. Piteuse, elle est allée à la rencontre de ses entraîneuses Annie Barabé et Sophie Richard. À l'écran, on a vu Barabé lui relever le menton avec son doigt. Après les notes - 99,46 points, à 9 points de son record -, elles sont restées assises de longues minutes sur le banc. Le travail de reconstruction était déjà commencé.

À la fin de la ronde d'entrevues, la jeune femme a elle-même évoqué son problème de confiance. «C'est tellement fragile, il faut travailler ça tout le temps. C'est très facile à ébranler», a confié Phaneuf.

Tout s'est passé à l'échauffement de six minutes. Phaneuf ne réussissait pas à exécuter ses sauts. Annie Barabé a tenté de la persuader de ne pas s'en faire, que ce n'était que ça, un échauffement. Peine perdue, surtout que Phaneuf était la toute première à s'exécuter.

Elle a réussi sa première combinaison avant de carrément abandonner sur le triple lutz. Les rotations étaient pourtant complétées. Elle a simplement mis les mains sur la glace. «Je vais m'en vouloir encore plus quand je vais le revoir», a-t-elle lâché avec un sourire contrit.

«Pourtant, ce sont des sauts faciles pour moi. Des triples lutz, je n'en ai pas manqué de la semaine. Encore ce matin.»

En anglais, Phaneuf s'est demandé si les deux semaines d'entraînement à Vancouver avant le début de la compétition ne l'avaient pas déstabilisée. Normalement, elle s'entraîne deux ou trois jours avant de se lancer. Joannie Rochette est arrivée sur les lieux de la compétition quelques jours plus tard.

«C'était ma première expérience olympique et je voulais vraiment tout vivre, a souligné Phaneuf. On a fait la bonne chose parce que les entraînements se sont très bien passés pendant deux semaines. Ce sont des choses qui arrivent.»

Quatorzième à l'issue d'un programme court solide en dépit d'une erreur bête, Phaneuf souhaitait atteindre son objectif et se hisser parmi les 10 premières. «Je m'en suis trop mis sur les épaules, je pense», a analysé celle qui était devenue championne nationale en 2005, à l'âge de 15 ans.

Au moins, Phaneuf n'était pas complètement effondrée, comme ce fut le cas aux Internationaux Patinage Canada, pas plus tard qu'en novembre dernier. Elle était tombée quatre fois. «Au moins, j'ai été capable de finir avec force, s'est-elle consolée hier soir. Ce n'était pas si pire, mais je sais que je n'ai pas fait de mon mieux.»

Âgée de 22 ans, Phaneuf aimerait bien se rendre jusqu'aux Jeux de Sotchi, dans quatre ans. Mais elle est loin d'être prête à s'engager. «Je verrai une année à la fois.»

Chose certaine, on la reverra en compétition dès la saison prochaine. Car elle a un but «à long terme», celui de redevenir championne nationale.