Deux jours après avoir ému le pays en entier, Joannie Rochette retourne sur la glace ce soir. Pour réaliser un rêve. Le sien et celui de sa mère.

Troisième à l'issue du programme court, la patineuse de l'île Dupas n'a qu'un objectif en tête.

«Joannie est réaliste, mais perfectionniste comme elle est, elle pense à la médaille d'or», croit Benoît Lavoie, président de Patinage Canada, joint au téléphone hier en fin de journée.

Douze heures après avoir réussi le meilleur programme court de sa carrière, Rochette a sauté de nouveau sur la glace du Pacific Coliseum pour une ultime séance d'entraînement. Elle a été accueillie comme une héroïne par les milliers de spectateurs qui s'étaient déplacés.

«Avec le bourdonnement que ça a fait, je me pensais aux championnats canadiens», a raconté Lavoie.

En matinée, Rochette a revu son psychologue sportif. Elle a aussi consulté la nutritionniste pour ajuster sa diète, un peu bousculée depuis qu'elle a appris la mort soudaine de sa mère Thérèse, dimanche matin.

«Joannie a gardé exactement le même pattern qu'elle avait prévu depuis des mois, a souligné Lavoie. La seule chose qui se rajoute, ce sont les moments émotifs. Elle en discute et elle retrouve sa concentration.»

Les hauts et les bas sont encore nombreux. Benoît Lavoie croit que la vice-championne du monde n'a pas encore absorbé toute la portée de la nouvelle. «C'est mon interprétation, mais elle est entre les deux encore. Elle comprend, mais elle n'a pas encore digéré tout ça. Elle n'est pas à la maison. Elle est dans une bulle. Je revois un peu le scénario de Sylvie Fréchette à Barcelone. Moi, j'espère qu'elle puisse tenir le coup jusqu'à (aujourd'hui).»

Les dirigeants de Patinage Canada font tout en leur possible pour permettre à leur patineuse de garder sa routine habituelle. «On veut simplement lui laisser son espace, s'assurer qu'il n'y ait pas de trop de monde autour d'elle», a expliqué Mike Slipchuk, directeur haute performance de la fédération.

Rochette détient une priorité de près de sept points sur la quatrième, la Japonaise Miki Ando, et la cinquième, l'Américaine Rachael Flatt. Mike Slipchuk voit les choses d'un autre angle: la Québécoise est à seulement deux points de la Japonaise Mao Asada et à sept points de la Coréenne Yu-Na Kim, apparemment intouchable. «Si Joannie patine bien, elle a les capacités de monter au classement», a affirmé Slipchuk.

Rochette sera l'avant-dernière à s'exécuter, à 23h37 (HNE), après Flatt, Ando, Kim et Asada. Le programme libre est généralement considéré comme sa principale force. Cette saison, elle est souvent revenue de l'arrière avec cette chorégraphie inspirée de l'opéra Samson et Dalila.

À l'inverse du tango La Cumpersita de mardi, le programme long comporte une section plus lente. «Ce sera encore plus émouvant, prévoit Benoît Lavoie. Si elle fait bien, le plafond de l'aréna va lever.»