Joannie Rochette a été accueillie par un signe de la main de son copain, son père et cinq membres de la famille et amis lorsqu'elle est arrivée sur la glace au Pacific Coliseum.

Au lendemain du décès de sa mère Thérèse à la suite d'un arrêt cardiaque, et à la veille de l'une des compétitions les plus importantes de sa vie, la patineuse artistique semblait légèrement mieux.

L'athlète de 24 ans, qui s'est réfugiée sur la glace lors de ces moments difficiles, a connu un autre superbe entraînement, démontrant toute la force dans son patin qui a fait d'elle un espoir de médaille pour les Jeux de Vancouver.

Rochette et son entraîneuse Manon Perron ont émis un communiqué après l'entraînement, pour remercier les Canadiens pour leur soutien.

«Nous avons reçu tellement de courriels et de textes, et nous voulons que les gens sachent que nous lisons tout ce que vous envoyez. Nous voulons aussi que tout le monde sache que ces messages nous aident à passer à travers tout cela. Nous allons le faire avec Thérèse. Même si nous ne sommes pas en mesure de répondre à tout le monde, s'il vous plaît, continuez à penser à nous tous.»

Le duo a dit qu'il ne donnerait pas d'entrevue d'ici la fin de la compétition «parce que nous voulons conserver notre énergie et notre concentration pour cette compétition.»

«Je suis plus qu'impressionné. Je suis moi-même ému, parce qu'il faut regarder la situation, ce n'est pas facile, a dit le président de Patinage Canada, Benoit Lavoie au terme du deuxième entraînement de Rochette depuis qu'elle a reçu la terrible nouvelle, tôt dimanche. N'importe quel athlète tente d'être tellement prêt pour la compétition, et si quelque chose arrive dans le monde extérieur, vous ne savez pas comment vous allez réagir, mais encore une fois, elle était prête physiquement pour les Jeux, maintenant je pense qu'elle peut nous prouver à quel point elle peut pousser les limites, et je pense que c'est bien.

«Elle est très, très forte et je l'admire tellement pour cela. Je suis très, très fier. Nous devrions tous l'être.»

La médaillée d'argent en titre aux Championnats du monde et sept fois championne canadienne a exécuté son programme court, un tango sensuel au son de «La Cumpersita», qui nécessite quelques coups d'oeil charmeurs envers les caméras et les juges.

Son père Normand l'a regardée des estrades, vêtu de sa veste rouge à l'effigie du Canada, s'essuyant les larmes à quelques reprises. Son copain, le patineur artistique en couple Guillaume Gfeller, était là, avec cinq autres amis proches.

Rochette a patiné avec aplomb, ne démontrant aucune hésitation dans ses sauts. Elle a réussi sans effort une combinaison triple Lutz-double double boucle piqué.

Son entraîneuse de longue date a maintenu une atmosphère légère, avec un grand sourire et de constants encouragements.

«Je pense que Joannie nous démontre le niveau de préparation requis à ce stade, avant le programme court, a dit Lavoie. Vous avez probablement tous vu qu'elle était capable de faire tous ses sauts, tout est prêt, et j'ai vu Joannie comme on l'a voit habituellement la journée avant son programme court. Il n'y a pas de doute, pas d'hésitation.»

Alors que Rochette, qui a terminé cinquième à Turin en 2006 à ses premiers Jeux, prévoit participer à la compétition à Vancouver, les officiels de Patinage Canada ont dit qu'ils appuieraient la décision de la patineuse, peu importe ce qu'elle serait. Le programme court est prévu mardi soir.

«C'est sa décision, mais à date, ça regarde très bien, a indiqué Lavoie. Ce sera elle qui prendra la décision et nous serons toujours là. Pour moi, elle est là aujourd'hui, un jour à la fois, elle pourrait prendre part à son entraînement (mardi), faire son échauffement, elle pourrait peut-être nous dire une minute avant son programme qu'elle décide de ne pas patiner, il n'y aurait pas de problème.»

Rochette est arrivée à Vancouver en tant que favorite pour une médaille, avec la Sud-coréenne Kim Yu-Na comme la grande favorite pour l'or. Aucune Canadienne n'est montée sur le podium depuis Elizabeth Manley, qui a remporté l'argent à Calgary en 1988.