Champion en titre, le Russe Evgeni Plushenko a annoncé la couleur: il n'imagine pas gagner aux jeux Olympiques de Vancouver sans faire le quad, une prouesse technique de quatre rotations sur soi-même que peu de patineurs savent faire.

Les déclarations de Plushenko, qui fait son retour cette saison après trois ans d'absence, ont été faites après son sixième titre européen en janvier à Tallinn. Le tsar a posé ses conditions et mené une bataille stratégique.

Seuls quelques patineurs parmi les meilleurs peuvent passer le quadruple saut. S'il est réussi, il marque des points tant aux niveaux des juges que des adversaires. S'il est raté, il coûte cher car avec le nouveau système de notation, chaque élément technique est majoré ou minoré.

C'est une prise de risques que les adeptes tels Plushenko ou le Français Brian Joubert, champion du monde en 2007, veulent mettre en avant.

«A travailler, c'est exceptionnel. Ca apporte beaucoup de sensations, on a vraiment l'impression de voler. Au niveau sportif, c'est l'avenir du patinage pour moi», assure Joubert.

Cet élément est difficile à réaliser, techniquement et physiquement. Il nécessite de prendre beaucoup de vitesse, monopolise beaucoup d'énergie et de concentration.

«J'ai fait mes premiers Championnats du monde en 2002. Il y avait 15 patineurs qui faisaient des quads. Maintenant on est peut-être six et dans le programme court, on est très peu à le tenter. C'est le nouveau système qui fait ça», poursuit-il.

Le Français, sauteur comme Plushenko, va dans le sens du Russe: «Pour un titre olympique, ça va faire la différence». Les deux rivaux entendent même en passer deux.

«Plus vite, plus haut, plus fort»

Lors des derniers Championnats du monde en 2008 et 2009, les deux vainqueurs - deux Américains, Jeffrey Buttle et Evan Lysacek - n'ont pas fait de quadruple saut.

Nombreux sont ceux qui tiennent à rappeler que le patinage artistique est un sport, qui ne doit pas tendre vers le ballet et où la performance sportive doit être valorisée.

«Le patinage artistique d'aujourd'hui sans le quad, c'est revenir avant l'époque des Elvis Stojko et Alexei Urmanov (années 90). Si vous regardez la devise des jeux Olympiques, plus vite, plus haut, plus fort, le quad représente tout à fait ça», argue le charismatique entraîneur de Plushenko, le Russe Alexei Mishkin.

Le président de la Fédération française des sports de glace, Didier Gailhaguet, est du même avis.

«Si le patinage sportif peut apporter la preuve lors des Jeux qu'il n'a pas cédé le pas aux mièvreries que l'on a vues depuis une ou deux saisons... Le sport c'est le dépassement, le dépassement c'est l'exploit et l'exploit c'est obligatoirement des tentatives difficiles», rappelle-t-il.

Véritable obsession du patineur, la réussite du «quad» était au coeur de toutes les conversations à Vancouver avant le programme court messieurs mardi.