Le Canada mise beaucoup sur ses jeunes athlètes en patinage artistique pour gonfler son nombre de médailles aux Jeux olympiques d'hiver de Vancouver.

Si l'objectif visé semble plutôt mince à première vue, c'est qu'on ne dit pas tout haut ce qui se murmure dans les corridors des arénas.

«On croit que deux médailles, c'est un objectif réaliste pour l'équipe canadienne», raconte Mike Slipchuk, directeur des athlètes de Haute performance de Skate Canada.

«Mais ça pourrait être plus», reconnaît-il.

En entrevue à La Presse Canadienne, Slipchuk souligne à quel point les athlètes de l'équipe canadienne ont bien performé sur le circuit de l'Union internationale de patinage (ISU). D'ailleurs, il se dit très fier de ce qu'ont accompli les Joannie Rochette, Patrick Chan, Jessica Dubé-Bryce Davison ainsi que Tessa Virtue-Scott Moir au cours des derniers mois.

«Ce qui est encourageant, c'est qu'au cours des deux dernières années nous avons obtenu une médaille dans chacune des disciplines aux divers championnats. Donc, nous avons des chances de médailles dans les quatre disciplines que ce soit chez les hommes, les femmes, en couple ou en danse sur glace.»

Un facteur encourageant, surtout si l'on considère qu'il y a quatre ans le Canada ne remportait qu'une seule médaille olympique en patinage artistique grâce à Jeffrey Buttle, qui terminait troisième aux Jeux de Turin. Ses prédécesseurs Elvis Stojko et Brian Orser comptaient chacun deux médailles olympiques d'argent.

Mais chez les dames, aucune patineuse canadienne n'est montée sur le podium depuis la deuxième place d'Elizabeth Manley aux Jeux de Calgary en 1988. C'était aussi l'année où le Canada remportait sa seule médaille olympique en danse sur glace, celle de bronze du duo Tracy Wilson-Rob McCall.

Beaucoup de pression repose donc sur les épaules de la Québécoise Joannie Rochette, six fois championne canadienne et vice-championne du monde. Plusieurs aimeraient voir l'athlète de 24 ans de l'Ile Dupas, dans Lanaudière, terminer sa carrière en beauté avec un podium olympique, après une cinquième place à Turin.

Les Ontariens Tessa Virtue et Scott Moir, troisièmes au classement mondial, cherchent aussi à écrire une nouvelle page d'histoire en danse sur glace, eux qui connaissent beaucoup de succès cette saison. Triples champions canadiens, ils ont aussi remporté le Trophée Bompard à Paris, en plus de terminer deuxièmes au Japon et à la finale de l'ISU à Tokyo.

Compétition féroce en couple

Chez les couples, les champions canadiens en titre Jessica Dubé et Bryce Davison, qui s'entraînent à Contrecoeur, souhaitent, pour leur part, imiter leurs idoles Jamie Salé et David Pelletier, champions des Jeux de Salt Lake City, en 2002. Il s'agit d'une des rares médailles d'or olympiques en patinage artistique du Canada, qui n'en compte que trois sur les 20 médailles remportées depuis 1932.

Mais le duo Dubé-Davison fait face à la compétition féroce des Chinois, selon Slipchuk.

«Je crois que ceux qui ont surtout fait de grands progrès dans la dernière année ce sont les Chinois en couple. Dans les autres disciplines, certains ont bien performé à une compétition et moins bien à une autre. Alors, personne ne s'est vraiment distingué des autres, sauf peut-être les Chinois en couple.»

En effet, les médaillés de bronze des Jeux d'hiver de 2006, Xue Shen et Hongbo Zhao, ont remporté les épreuves en Chine et aux Etats-Unis. Leurs compatriotes Quing Pang et Jian Tong ont remporté celles de Russie et du Japon, en couple également.

Retour de Plushenko; année difficile pour Chan

Chez les hommes, les yeux du public seront tournés vers le champion olympique en titre le Russe Evgeni Plushenko. L'athlète de 27 ans a effectué un retour à la compétition en force, après une brève retraite amorcée après les Jeux de Turin. Son retour a été marqué par des victoires à la coupe de Russie et à l'Euro 2010, le mois dernier.

De la grande compétition donc pour le jeune Torontois Patrick Chan, qui a connu une saison difficile. La déchirure d'un muscle du mollet gauche a tenu le vice-champion du monde à l'écart de la compétition de presque tout le circuit de l'ISU. L'athlète de 19 ans demeure néanmoins l'un des plus grands espoirs canadiens de médaille olympique à Vancouver, selon Slipchuk.

«Oh oui. Vous savez les blessures ça fait parti du métier. Elles surviennent à tout moment. La bonne affaire dans son cas c'est que sa blessure a été traitée à temps, tôt dans la saison. Sa rééducation s'est très bien déroulée et il a retrouvé la forme à 100 pour cent.»

Après avoir remporté son troisième titre canadien en janvier, une autre tuile est cependant tombée sur la tête de Chan. Son entraîneur Don Laws l'a laissé tomber, un mois avant les Jeux de Vancouver, au profit d'un poste à temps plein dans une nouvelle installation de patinage située à West Palm Beach, en Floride. C'est la chorégraphe Lori Nichol, la même qui travaille avec Joannie Rochette, qui prendra la relève aux côtés de Chan à Vancouver.

Enfin, reste à voir si Patrick Chan fera taire ceux qui comme son adversaire français Brian Joubert lui reproche, comme à bien d'autres patineurs, d'éviter les quadruples sauts lors de grandes compétitions. Si ce n'est pas prévu dans son programme, ce n'est pas exclut a récemment dit Chan affirmant qu'il a beaucoup pratiqué ce saut en vue des Jeux de Vancouver.