La piste de luge et de bobsleigh de Whistler, où le Géorgien Nodar Kumaritashvili s'est tué vendredi à l'entraînement, est considérée comme le toboggan de glace le plus rapide du monde, mais aussi l'un des plus exigeants.

C'est un enchaînement de seize virages qui dégringole sur 1374 mètres où le lugeur allemand Felix Loch a frôlé les 154 km/h l'hiver dernier. Nodar Kumaritashvili a été victime d'un accident à proximité du dernier virage alors qu'il approchait les 140 km/h. Il a été éjecté de la piste et a heurté un poteau métallique.

Lors des entraînements pour l'épreuve de luge monoplace qui aura lieu samedi et dimanche, l'Autrichien Manuel Pfister a dépassé les 154 km/h, nouveau record officieux de vitesse.

Quatre ans après Turin, la Fédération internationale de luge (FIL), la Fédération internationale de bobsleigh (FIBT) et le comité d'organisation des JO 2010 avaient pourtant fait de gros efforts pour que la piste de Whistler ne devienne pas le cauchemar de certains athlètes, comme celle construite pour les JO 2006.

À Cesana, après plusieurs chutes et des blessures, la FIL avait même recommandé aux lugeurs les moins expérimentés de renoncer à participer, de peur qu'ils ne se blessent gravement.

Limitation de vitesse

À Whistler, après des premières impressions plutôt mitigées et inquiètes en 2009, les lugeurs et pilotes de skeleton et bobsleigh ont trouvé la piste «exigeante au niveau du pilotage», souligne le Français Grégory Saint-Genies, engagé dans l'épreuve de skeleton.

«Elle représente un sacré défi en termes de pilotage. On remet l'accent avec cette piste sur le pilotage alors que certaines comme Igls en Autriche font la part belle au matériel», note-t-il.

«Cette piste ne tolère aucune faute de concentration», renchérit le lugeur allemand Patric Leitner, champion olympique 2002 en biplace.

Son compatriote Andi Langehan l'a constaté à ses dépens jeudi en chutant lourdement à l'entraînement, mais sa blessure à l'épaule ne remet pas en doute sa participation aux JO 2010.

La Roumaine Violeta Stramaturaru a, elle, dû passer quelques heures en observation à l'hôpital de Whistler.

«Les vitesses sont très élevées du haut en bas, c'est un vrai défi d'autant qu'il y a beaucoup de virages piégeux», avait encore dit le lugeur Tony Benshoof.

Avant même l'accident de Kumaritashvili, l'Américain, quatrième en 2006 à Turin, avait d'ailleurs prévenu des dangers de la piste pour les concurrents les moins aguerris: «Ils n'ont pas l'expérience, ils n'ont pas les entraîneurs, parfois ils n'ont même pas la luge adéquate. Mais, au final, on y va tous quand même. Tous les sports sont dangereux. Le ski c'est dangereux par exemple et je n'irai pas essayer de faire de la descente».

La FIL et la FIBT ont édicté des normes de qualification plus strictes: les épreuves ont peut-être perdu un côté pittoresque avec notamment un lugeur des îles Tonga recalé, mais les risques pour les pilotes les moins expérimentés sont trop élevés.

«La santé et la sécurité de nos athlètes sont plus importantes que d'établir des records», justifie le président de la FIL, Josef Fendt.

Il veut aller encore plus loin et imposer des... limitations de vitesse aux constructeurs des nouvelles pistes.