Le hockey masculin était la dernière chance de la Russie pour sauver son honneur à Vancouver, après une série d'amères déceptions. La cuisante défaite de 7-3 contre le Canada en quart de finale de hockey masculin mercredi aura été le coup de grâce.

Hier, la presse moscovite cherchait à s'expliquer la débandade d'Alex Ovechkin et compagnie, alors que les dirigeants de l'équipe essayaient de protéger leurs joueurs d'un lynchage médiatique.

Pour le journal en ligne Gazeta.ru, la défaite était symbolique. «Voilà, la Russie a maintenant vraiment perdu les Jeux olympiques», concluait son journaliste Ilia Eliseev. «Qu'on nous dise ce qu'on voudra sur le bilan général et le décompte des médailles, c'est le hockey qui devait précisément nous donner une réponse à savoir si la Fédération de Russie avait perdu ou non (les JO).»

La deuxième place du champion de patinage artistique Evgueni Plushenko, la semaine dernière, avait déjà causé une commotion dans le pays, s'ajoutant aux résultats catastrophiques d'autres espoirs russes.

Des députés avaient même réclamé la tête du président du Comité nationale olympique et du ministre des Sports, arguant que le pays ne pouvait se permettre de terminer plus loin qu'une quatrième place au chapitre des médailles, alors qu'il se prépare à accueillir les prochains Jeux d'hiver à Sotchi, en 2014. La Russie se trouve actuellement au cinquième rang pour le total des médailles, avec 13, dont trois d'or.

Les médias russes ont donc entrepris d'expliquer l'humiliation de l'équipe nationale de hockey aux fans qui se sont levés en plein milieu de la nuit pour regarder le match en direct dans la nuit de mercredi à jeudi.

«Vous voulez probablement que je jette de la boue à quelqu'un? Je ne le ferai pas», a répondu l'entraîneur Viatcheslav Bykov aux reporters russes qui le bombardaient de questions en forme de reproches, à l'issue du match. «Allez, installons une guillotine sur la Place rouge! Ou un échafaud!» s'est-il emporté.

«Nous n'avons rien à reprocher à nos gars. Ils ont essayé. Nous levons notre chapeau devant les Canadiens. Ils ont réellement été plus forts aujourd'hui que la sélection de Russie. Mais nous avons dans notre équipe les meilleurs joueurs du pays», a précisé l'entraîneur.

Dans une entrevue à Sovetski Sport, le président de la Fédération russe de hockey Vladislav Tretiak a lui aussi appelé les fans et médias russes à la retenue. «Nous avons une habitude stupide dans le pays de traîner dans la boue (les perdants). Si nous le faisons cette fois, notre hockey n'a plus d'avenir.»

La légende du hockey, habitué des confrontations Canada-Russie, a aussi assuré qu'il n'était pas question de congédier Viatcheslav Bykov, rappelant ses victoires aux deux derniers championnats mondiaux. «Devant nous, il y a Cologne. Nous allons prendre notre revanche là-bas. Mais si nous accablons les gars (de reproches) maintenant, personne ne voudra venir en Allemagne», a-t-il prévenu.

Sur le site de Sport Ekspress, le journaliste Igor Larine essayait de dédramatiser la situation en reversant la perspective. «Le Canada a évité la honte», titrait-il sur son blogue, expliquant que la Russie avait «simplement permis aux Canadiens d'en finir avec la série de défaites Turin-Québec-Berne. Les "feuilles d'érable" ont simplement transformé un 0-3 en 1-3, et c'est tout.» Selon lui, le Canada avait tout pour gagner: dont «leur glace, la motivation, la métaphysique, l'unijambiste Zinoviev [blessé - NDLR] et Datsyuk et Malkin dans le rôle des attaquants surestimés et erratiques».