Croisé 20 minutes avant le duel Crosby-Ovechkin, Scotty Bowman affichait une confiance inébranlable lorsque La Presse lui a demandé si le Canada pouvait battre les Russes: «Pas de problème», a répondu le vieux renard avec un sourire en coin.

Pourquoi tant de confiance?

«Parce qu'il y a trop de gars dans cette équipe qui n'ont même pas leur place dans la Ligue nationale. Qui voulait d'Afinogenov avant le début de l'année? Et les autres de la KHL? Et leur défensive? Ils sont six joueurs. Six très bons joueurs. Mais ils n'ont que six joueurs», scandait Bowman.

Équipe Canada lui a donné raison.

Et comment!

Fort d'un but marqué deux minutes après le début du match, des trois autres ajoutés au seul premier tiers et des trois qui ont simplement ajouté l'injure à l'insulte, le Canada a déclassé la Russie 7-3.

Et le mot déclassé est faible.

Envoyé en relève à Evgeni Nabokov après un deuxième but du Canada en 57 secondes dès le début de la deuxième période, but qui gonflait l'avance canadienne à 6-1, Bryzgalov parlait de catastrophe après le match.

«Cette défaite a la même envergure pour nous qu'elle aurait eue pour le Canada. Perdre de cette façon, c'est une catastrophe. C'est la fin du monde», a indiqué Bryzgalov qui a stoppé 18 des 19 tirs du Canada. Une bien meilleure performance que celle de son compatriote Evgeni Nabokov qui a accordé six buts sur les 23 premiers tirs du Canada.

Le Canada a dominé la rencontre de la première à la dernière seconde. Sidney Crosby et ses coéquipiers ont surtout dominé tous les aspects du jeu.

Jamais au grand jamais les Russes, d'Alexander Ovechkin au gardien Nabokov en passant par Andrei Markov et les autres défenseurs, n'ont été dans le coup.

Limité à trois tirs au but et blanchi de la feuille de pointage, Alexander Ovechkin a d'ailleurs refusé de répondre aux questions des journalistes nord-américains.

«Ils s'est excusé aux amateurs de notre pays. Il nous a dit ne pas comprendre ce qui n'allait pas ce soir et être incapable d'expliquer pourquoi lui et ses coéquipiers n'avaient pas été en mesure de se mettre en marche», a indiqué un journaliste russe.

On doit toutefois prendre ces commentaires avec prudence. Les collègues russes portent tous les couleurs de leur équipe nationale, ce qui complique la tâche afin de faire la différence entre le discours officiel et celui plus objectif.

La réponse aux interrogations d'Ovechkin est pourtant fort simple: les joueurs d'Équipe Canada ont disputé un match parfait. Surtout en première période.

Grâce à un échec-avant de tous les instants, grâce à une vitesse et une implication collective qu'on attendait depuis le début du tournoi, le Canada a obtenu 21 tirs au cours cet engagement.

Il n'en a accordé que 12 aux Russes. Et encore. Ces 12 tirs n'avaient rien de très menaçants, exception faite du tir de Dmitri Kalinin qui s'est logé dans la lucarne du côté de la mitaine.

Ryan Getzlaf, Dan Boyle et Rick Nash avaient déjà donné les devants 3-0 au Canada avant le premier but de la Russie.

Brenden Morrow a redonné une avance de trois buts avant la fin de l'engagement.

Corey Perry et Shea Weber ont porté le score 6-1 dès les premiers instants de la période médiane.

Maxim Afinogenov, qui a battu de vitesse le défenseur Duncan Keith dans l'un des rares moments de faiblesse du Canada, a déjoué Roberto Luongo sur une échappée.

Mais Corey Perry a récidivé immédiatement après pour freiner toute possibilité de remontée.

Ce qui fait que même lorsque Sergei Gonchar a ramené le score 7-3 avec un but en avantage numérique, personne ne croyait aux chances de l'équipe russe.

À commencer par les Russes eux-mêmes qui ont offert du hockey pitoyable, multipliant les mauvaises décisions en plus de ne pas être en mesure de suivre le rythme que le Canada imposait.

Jonathan Toews, qui a disputé un fort match, a récolté deux passes. Tout comme Ryan Getzlaf, Dan Boyle et Duncan Keith.

«Nous avons joué un match très solide. Nous étions à la fois confiants et relax. Je crois que le fait saillant et d'avoir été en mesure de répliquer avec des buts rapides chaque fois qu'ils ont marqués. On ne leur a vraiment pas donné de chance», a conclu Dan Boyle.