Ça fait exactement 30 ans que le plus grand miracle de l'histoire du sport s'est produit. Ce plus grand miracle, c'est celui des Jeux de Lake Placid.

Vous connaissez l'histoire, non? Des collégiens américains qui se permettent de battre la puissante machine rouge des Soviétiques 4-3, par un beau vendredi soir. Un scénario fantastique qui se termine deux jours plus tard, le 24 février 1980, avec une victoire de 4-2 sur la Finlande pour la médaille d'or.

On sait à peu près tout de ce Miracle On Ice, dont l'histoire a depuis été portée au grand écran. Ce qu'on ne sait pas, par contre, c'est ceci: avec un peu de chance, le Miracle en question aurait pu être l'affaire... de l'équipe canadienne.

Mais si. «On avait une très bonne équipe en 1980, composée de plusieurs gars qui ont ensuite joué dans la Ligue nationale, se souvient Jim Nill, un des attaquants canadiens à Lake Placid, depuis devenu assistant DG chez les Red Wings de Detroit. On avait des joueurs comme Glenn Anderson, Paul MacLean, Randy Gregg... Les Américains et nous, à l'époque, c'était pas mal égal. À mon avis, nous étions aussi bons qu'eux.»

C'est le petit détail qu'on oublie en repensant au miracle de 1980. Oui, les Américains étaient en état de grâce cette année-là, mais les Canadiens avaient leur numéro. Lors des rencontres préparatoires menant aux Jeux de Lake Placid, Américains et Canadiens avaient croisé les lames à huit reprises.

Le résultat? Cinq victoires du Canada, contre seulement trois pour les miraculés de l'entraîneur Herb Brooks.

«C'est vrai, on les avait battus cinq fois en huit matchs préparatoires cette année-là, se rappelle Randy Gregg, défenseur canadien en 1980. Mais les Jeux, ce n'est pas ce que tu fais pendant l'année, mais bien ce que tu fais les soirs de matchs.»

C'est justement lors des soirs de matchs que ça s'est gâté pour les Canadiens à Lake Placid. À commencer par cette défaite du 16 février contre la Finlande, quand le gardien Bob Dupuis avait mal joué un dégagement finlandais... pour ensuite s'apercevoir que la rondelle était dans son but.

Sans oublier ce match du 20 février face aux puissants Soviétiques, un match que les Canadiens dominaient. Jim Nill avait ouvert la marque, suivi de Randy Gregg. Puis Brad Pirie avait fait 3-1 Canada en début de deuxième, et le miracle canadien était sur le point de devenir réalité...

Mais les Soviétiques ont marqué quatre fois en troisième, dont trois buts d'Alexander Golikov. Marque finale: 6-4 C.C.C.P.

«On savait qu'on pouvait battre les Soviétiques, et on les a surpris dès le départ, raconte Jim Nill. Je me souviens que Glenn Anderson avait réussi une percutante mise en échec aux dépens de Valeri Kharlamov en début de match. On aurait pu gagner.»

On connaît le reste. Les Canadiens ont dû se contenter d'une décevante sixième place, alors que les Américains écrivaient leur histoire en se couvrant d'or. «Mais cette victoire des États-Unis a été une bénédiction pour le hockey, ajoute Nill. C'est une victoire qui a permis à notre sport de faire des pas de géant dans ce pays. Sans ça, la LNH n'aurait jamais pu aller s'établir dans des marchés comme la Floride.»

Randy Gregg, lui, n'a aucun regret lorsqu'il pense à 1980. «On a reçu 4000$ chacun pour l'année, et on devait dormir deux par deux à Calgary dans des roulottes qui étaient aussi spacieuses que ma salle de bains. Mais on avait une équipe unie. Tout le contraire des Américains, qui, si j'ai bien compris, se disputaient souvent entre eux. Sur le plan sportif, 1980 a été la plus belle expérience de ma vie, même si j'ai ensuite gagné la Coupe Stanley avec les Oilers.»

Et où étaient les joueurs canadiens le soir du fameux Miracle On Ice, au juste? La plupart avaient déjà quitté Lake Placid. La plupart... sauf Randy Gregg.

«Le soir du Miracle, j'étais dans un resto de Lake Placid. Je me souviens que le match entre les Soviétiques et les Américains jouait à la télé, mais j'étais avec ma future femme. Disons que j'avais des choses plus importantes à faire que de regarder le match!»