Deux jours ont suffi à me convaincre. En fait, un seul Super dimanche aurait été suffisant. Et encore, j'ai quitté le GM Place avant la fin du troisième match entre la Suède et la Finlande après avoir assisté à la victoire des Russes contre les Tchèques en lever de rideau et au match entre le Canada et les États-Unis.

C'est simple. Le hockey, quand il est joué comme on l'a vu hier à Vancouver, est le plus beau sport au monde. Ça devait être passionnant à la télé. Sur place, tout près de la patinoire, c'était fabuleux. Extraordinaire. Un spectacle de vitesse, de force, d'habileté, de courage et de passion comme on en voit une fois tous les quatre ans.

Les séries de la Coupe Stanley, c'est un marathon. C'est le meilleur mais aussi le plus résistant qui finit par gagner. Mais les Olympiques, c'est tout multiplié par le talent pur. C'est le hockey comme on en rêve.

Un grand spectacle présenté devant des partisans canadiens, américains, russes, tchèques, suédois, finlandais et chinois, je présume, qui contribuent à la magie. Hier, les drapeaux russes disputaient l'attention aux drapeaux tchèques. On a même eu droit à une couple de drapeaux de l'ancienne Union Soviétique. On dansait spontanément dans les gradins sans avoir besoin de se faire hurler de faire du bruit par une mauvaise animation de foule. Ça capotait en russe sur YMCA sans s'inquiéter de Claude Mailhot. Et quand la caméra de télé est allée chercher des images de Vladislav Tretiak, président de la fédération russe de hockey, on a compris qu'on avait complété le cercle. Les jeunes Russes qui ont battu les Tchèques pourraient être ses fils.

Et ils forment la première génération de joueurs millionnaires qui sont autant à l'aise en Amérique qu'en Russie. Ces Ovechkin, Malkin, Semin, Markov et autres Koslov, on les connaît et on les aime. On veut les revoir meilleurs contre les meilleurs. Qu'ils soient Canadiens, Tchèques, Suédois ou Slovaques. ***

Je discutais avec un des dirigeants de la Ligue nationale après la première période. On se connaît depuis la victoire du PQ, ça vous donne une idée: «Le spectacle est tellement extraordinaire, tellement fabuleux que les gens sont sous le choc. Mais pour qu'on retourne aux Jeux à Sotchi, il va falloir tout renégocier» m'a-t-il dit.

Mon camp est déjà choisi. Le Comité international olympique est riche à craquer. Ses dirigeants sont les derniers vrais princes de la planète. Juste à voir comment le Suisse qui est supposé protéger les intérêts du français se comporte. Comme un prince en pays conquis. Faut essuyer le trottoir devant ses souliers quand il marche.

Mon camp, c'est le fan. Donc, mon camp, c'est la Ligue nationale de hockey. Ces Jeux de Vancouver qui sont en train de devenir un énorme succès, font la richesse du CIO. Pendant ce tournoi, la Ligue nationale fournit pour deux milliards de dollars en contrats garantis. C'est ce que coûtent les joueurs qui fournissent le spectacle pour les Jeux. La LNH ne gagne que de la visibilité et prend tous les risques.

Encore pire, hier soir NBC présentait du patinage artistique, la danse, en heure de grande écoute. C'est normal que Gary Bettman soit ulcéré par cette situation. Il gagnait quoi, hier, le Gary? En plus, il sait que les fans vont immanquablement comparer le hockey des Jeux à celui du Canadien et des autres équipes dans une dizaine de jours.

Si je suis dans le camp de la Ligue nationale, la solution est assez facile à trouver. Que le CIO crache les bidous. Qu'on permette au moins à la LNH de mettre en marché ses produits dérivés sur le site des prochains Jeux. Et qu'on verse une partie des droits de télévision à la LNH et à la KHL si elles fournissent les acteurs des principaux spectacles.

Les skieurs ont leur mot à dire aux Jeux. Mais la structure économique du ski et de la puissante fédération de ski est bien différente. Les commanditaires qui versent des millions aux skieurs et à la fédération ont besoin de la visibilité et du prestige des Jeux. Même chose pour le patinage artistique qui tire ses revenus de ses différents championnats et compétitions annuels. Ce sont les Jeux qui créent les vrais champions et surtout les vraies légendes. Après, la fédération de patinage et les agents des patineurs monnayent cette gloire. À coup de millions.

Mais que Gary Bettman ne se trompe pas. On est dans son camp mais les joueurs aux Jeux, on les veut!

DANS LE CALEPIN - François Grognon, mon souriant confrère, assiste à tous les matchs depuis le début des Jeux. Il souligne que cette ambiance fabuleuse du Super dimanche était celle de tous les matchs. La Slovaquie contre la République tchèque, c'était bleu de drapeaux; l'Allemagne contre la Biélorussie, ça chantait et c'était plein à craquer... une jeune fan de dix ans s'est fait photographier près de la bande avec une pancarte: «Oncle Dale, je suis ici, pas toi!»... ma chemise des Saguenéens de Chicooooooutimi remporte un succès boeuf... les Américains portaient le chandail commémorant le miracle de Lake Placid... Martin Brodeur et Chris Pronger mangeaient au Blue Water Café vendredi soir. Pronger n'était guère joyeux. Ces Jeux sont difficiles pour lui jusqu'à maintenant... les rues du centre-ville étaient bondées de joyeux drilles de tous les âges et de toutes les nationalités... la finale de la Coupe Stanley, le Grand Prix de F1 et la Coupe Grey tout en même temps... et c'est ainsi à tous les soirs depuis qu'il a cessé de pleuvoir.