Ce devait être le premier défi de l'équipe canadienne. Ç'a plutôt été un troisième massacre en trois parties.

Une nouvelle victoire écrasante qui alimente les critiques à propos de la stratégie du Canada de ne jamais lever le pied de l'accélérateur, quitte à humilier l'adversaire durant leur marche vers la finale olympique.

Le Canada a remporté haut la main le match contre la Suède 13-1, mercredi, au Thunderbird Arena de l'Université de la Colombie-Britannique à Vancouver. Aussi facilement que les deux premiers matchs: d'abord, 18-0 contre la Slovaquie, une équipe qui en est à sa première expérience aux JO, puis 10-1 contre la Suisse.

En battant les Slovaques, l'équipe canadienne a même établi un record pour le total des buts marqués en un match aux JO.

Les joueuses ne peuvent-elles pas diminuer d'intensité lorsque l'écart se creuse sans compromettre la victoire pour autant, se demandent certains observateurs.

Les principales intéressées balaient ces critiques d'un revers de la main. «Les observateurs extérieurs ne peuvent pas comprendre à quel point on s'est entraînées fort ces derniers mois. On ne peut pas prendre les choses à la légère, a indiqué la gardienne de but de Québec, Charline Labonté après le match. De gagner ainsi, ce n'est pas un manque de respect envers nos adversaires. Au contraire. C'est une marque de respect pour notre sport.»

Sa coéquipière de la Beauce, Marie-Philip Poulin, auteure d'un but, mercredi soir, partage cet avis. «On a un seul objectif: travailler fort jusqu'au bout», a dit l'attaquante de 18 ans.

L'autre gardienne de but québécoise, Kim St-Pierre, est déçue que ce débat ressurgisse aux quatre ans, à chaque Jeux. «On est ici pour représenter le Canada. On ne va pas le représenter à moitié», a dit la jeune femme qui a reçu seulement quatre tirs en 40 minutes. St-Pierre a cédé sa place à Labonté en troisième période, question de lui permettre de se dérouiller, cette dernière amorçant son tournoi olympique.

L'entraîneure-chef de l'équipe olympique médaillée d'or à Salt Lake City, Danièle Sauvageau, s'est souvent fait poser la même question. «Sans humilier l'adversaire, il faut gérer sa victoire. La ligne est mince», indique-t-elle. Ici, sa philosophie diffère quelque peu de celle de l'entraîneure actuelle de l'équipe canadienne, Melody Davidson.

«Melody Davidson demande à ses joueuses de jouer à pleine intensité peu importe l'adversaire, indique l'analyste de hockey. Moi, quand l'écart se creusait, je demandais à mes joueuses de lever le pied et de profiter du reste de la partie pour peaufiner des jeux en vue de remporter le match final.»

Le développement du hockey féminin passe par la visibilité extraordinaire qu'offrent les Jeux olympiques, même si le calibre est inégal, estime l'analyste sportif. «Il faut voir les Slovaques comme des pionnières, explique la première femme analyste à La soirée du hockey. Elles ne sont même pas 500 joueuses dans leur pays où le hockey masculin domine outrageusement. Leurs ressources financières sont inadéquates. Si elles veulent se développer, elles doivent inspirer d'autres petites filles à jouer au hockey.»

Dans les années 1990, il n'y avait que 7000 femmes qui jouaient dans une ligue fédérée de hockey au Canada, contre 80 000 aujourd'hui, ajoute-t-elle.

Aux JO de Turin, les Suédoises ont remporté la médaille d'argent, ébranlant du même coup la domination historique des Canadiennes et des Américaines. Mercredi toutefois, les Suédoises ne faisaient tout simplement pas le poids.

L'Ontarienne Meghan Agosta, 23 ans, a réussi un tour du chapeau, mercredi soir, égalant un record olympique avec son huitième but du tournoi. Un record établi par Danielle Goyette à Nagano en 1998.

La victoire de mercredi soir a permis aux Canadiennes de finir au premier rang du Groupe A. Avant cette rencontre, le Canada et la Suède possédaient déjà leur billet pour les demi-finales du tournoi, disputées le 22 février.