Les joueurs de la Ligue nationale qui ont déjà été aux Jeux sont formels: côtoyer les athlètes dans le village olympique en est l'un des faits marquants.

«Vivre avec les autres athlètes est l'une de mes priorités quand je suis aux Jeux, mentionne le gardien Martin Brodeur.

«Cela te remet vraiment dans le sport amateur. Le fait de manger tous ensemble à la cafétéria, de voir tout le monde habillé pareil, tous les athlètes qui prennent l'autobus...

«C'est vraiment une belle expérience de vie.»

Un point de vue que partage l'attaquant suédois Daniel Alfredsson, pour qui les Jeux olympiques de Vancouver seront ses quatrièmes.

«Rencontrer les gens est certes l'un des meilleurs aspects des Jeux, dit-il. J'ai déjà échangé des chandails avec un gars de l'équipe de bobsleigh de la Jamaïque!»

Pour les professionnels de la LNH, côtoyer des athlètes amateurs permet de remettre en perspective leur propre réalité.

«Tous les olympiens sont les meilleurs dans ce qu'ils font, et l'on ne peut qu'admirer l'engagement qu'ils ont envers leur sport», ajoute le capitaine des Sénateurs d'Ottawa.

«Bien souvent, ces athlètes-là ne reçoivent pas beaucoup de subventions», rappelle Paul Kariya, des Blues de St-Louis.

«Mais il y a un respect mutuel qui s'établit, sans égard au statut de chacun.»

Vedettes ordinaires et extraordinaires

Les joueurs de hockey disent maintenir des rapports d'égal à égal avec les sportifs d'autres disciplines.

Mais parfois, l'aura de certaines vedettes est irrésistible.

«À Nagano, les Japonais sautaient partout en voyant Wayne Gretzky, se souvient Martin Brodeur. C'était comme si un dieu venait d'arriver!

«Il était mon cochambreur et l'on était souvent ensemble. Partout où l'on allait, les autres athlètes s'arrêtaient de manger pour nous regarder passer.

«Parfois, raconte Brodeur, Wayne me demandait d'aller lui chercher un Big Mac. Il ne voulait pas que tout le monde voie qu'il mangeait du McDonald's!»

Certes, Gretzky est un cas d'exception au sein d'une équipe canadienne qui a toujours eu les projecteurs braqués un peu plus sur elle.

Mais dans certains pays plus petits, comme la République tchèque, les hockeyeurs n'ont pas de difficulté à se fondre dans le reste de la délégation nationale.

«Mes premiers Jeux ont été ceux de 1998, se souvient Jaroslav Spacek. Ce qu'il y avait de bien à Nagano, c'est que la majorité des athlètes restaient au village olympique, contrairement à Salt Lake City et à Turin, où l'étalement des compétitions avait éparpillé les athlètes.

«À Nagano, donc, on allait là où il y avait d'autres Tchèques. On était au courant de toutes les grosses compétitions qui avaient lieu. Et l'on encourageait nos compatriotes!

«Ce n'était pas facile pour moi d'aller voir des compétitions, ajoute Spacek. Mais je me souviens d'être allé appuyer une skieuse de fond alors que nous avions deux journées de congé.»

Calendrier resserré

Paul Kariya a participé aux Jeux olympiques de Lillehammer, en 1994, et à ceux de Salt Lake City en 2002.

«Ç'a été deux expériences complètement différentes, souligne Kariya. En 1994, les Jeux n'accueillaient pas les hockeyeurs professionnels. Or, j'étais encore amateur à l'époque car j'évoluais à l'Université du Maine.

«J'avais pu passer deux mois avec l'équipe nationale à me préparer au lieu de tout vivre en dedans de deux semaines.

«Ça a été deux démarches différentes pour bâtir une chimie d'équipe.»

Il est vrai qu'aujourd'hui, pour les joueurs de la LNH, les contraintes de temps sont le principal inconvénient lié aux Olympiques.

Pour l'attaquant du Canadien Brian Gionta, cela a entravé quelque peu son plaisir et son expérience du village olympique.

«Il n'y a pas que le calendrier de la LNH qui soit compressé, celui des Jeux l'est aussi», fait remarquer l'ailier du Tricolore, qui a représenté les États-Unis en 2006.

«Les joueurs manquent habituellement les cérémonies d'ouverture et celles de clôture.

«À Turin, on a débarqué de l'avion, on a joué nos matchs et l'on est repartis. Sans dire que l'on était à part des autres athlètes, on était quand même dans notre bulle parce que notre compétition s'étalait sur toute la durée des Jeux et qu'il y avait plusieurs matchs en peu de temps.»

Ne pas jouer aux Jeux

Évidemment, la meilleure façon de profiter de l'ambiance olympique, c'est encore de... ne rien faire!

C'est un peu ce qui arrive aux troisièmes gardiens des équipes de hockey, dont l'implication est plus souvent qu'autrement limitée aux entraînements.

«C'était formidable dans le village», se souvient le gardien Marty Turco, qui s'est retrouvé dans cette situation à Turin.

«C'était un déferlement de gens humbles et fiers d'être Canadiens. La fibre patriotique vibrait pas mal fort. J'ai adoré chaque moment passé là.

«Mais mon meilleur souvenir demeure d'avoir vu les supporters du Danemark au patinage de vitesse. Ces gars-là sont des malades!

«J'étais allé voir cette compétition avec ma femme et mes enfants. Et la seule chose que l'on trouvait à dire en revenant, c'était: «il faut absolument y retourner!»

Martin Brodeur, qui sera le gardien numéro un du Canada à Vancouver, est lui aussi passé par le rôle de troisième gardien. C'était à Nagano, en 1998.

«Je n'ai pas joué, donc je n'avais rien d'autre à faire que de jaser avec le monde! J'étais souvent dans les espaces communs et je voyais arriver les athlètes qui arrivaient de leurs compétitions.

«Je me souviens d'avoir rencontré un skieur de fond qui était tellement drôle. Je ne me souviens plus de son nom (ndlr. Guido Visser), mais je crois qu'il était arrivé avant-dernier à sa compétition seulement parce que le dernier était tombé.

«J'avais pas mal ri de son histoire, mais il m'avait répondu «au moins, moi j'ai joué!»