En descendant de la montagne de San Sicario il y a quatre ans, le roi Viking déchu avait la rage au coeur. Il avait bien deux breloques d'argent au cou. Mais quand on est roi, on ne peut se contenter de si maigre pitance.

Le Norvégien Ole Einar Bjoerndalen rageait à l'intérieur et disait publiquement qu'il songeait déjà à Vancouver 2010. En fait, il ne pensait qu'à cela.

Lui qui avait déjà remporté quatre médailles d'or en biathlon à Salt Lake City et ce, même s'il avait donné un coup de main à l'équipe de ski de fond de son pays, n'allait pas accepter pareil outrage sans broncher. Il a décidé de revoir toute sa préparation, de refaire tous ses devoirs.

Les résultats ont été ahurissants. Il a remporté la Coupe du Monde facilement au cours des deux dernières saisons et depuis 2006, il a ramené en Norvège sept médailles d'or glanées aux Championnats du monde, dont quatre l'an dernier à Pyeongchang en Corée.

Encore insatisfait, il a passé le dernier été à améliorer la vitesse de son tir avec un entraîneur personnel.

Il pourrait tout rafler les titres individuels sur le piste du Parc olympique de Whistler, même si quelques Allemands, dont Michael Greis, grand héros de Turin avec ses trois médailles d'or, ne sont pas prêts à abdiquer devant le roi.

«Cette saison, c'est beaucoup plus difficile pour tout le monde. La compétition est très forte et il y a peut-être une vingtaine de gars qui peuvent gagner.»

Bjoerndalen aurait pu ajouter que cette vingtaine de gars se battraient non pas pour l'or mais plutôt pour les places d'honneur.

Greis sera certes à surveiller, tout comme Emil Hegle Svendsen, compatriote de Bjoerndalen, dans les épreuves individuelles.

Certes, il faudra aussi compter sur les Français, qui auront comme porte-étendard les frères Martin et Simon Fourcade et le médaillé d'or de la poursuite à Turin Vincent Defrasne.

Les Allemands ont une jeune équipe, mais les Russes, avec des vétérans comme Maxim Tchoudov, Nikolay Kruglov, Ivan Tcherezov, seront à surveiller surtout au relais où la jeune équipe autrichienne sera certes du débat avec les Christoph Sumann, Simon Eder et Dominik Landertinger.

Le quatuor canadien de Jean-Phillipe LeGuellec, Marc-André Bédard, Robin Clegg et Brendan Green a fait une septième place plus tôt cette saison en Coupe du Monde. Si tout fonctionne à merveille, ils termineront certes dans le «top 10».

LeGuellec est le seul qui s'est qualifié pour les épreuves individuelles. Il se dit en grande forme et même s'il en est à ses deuxièmes Jeux, il est toujours au stade d'apprentissage dans ce sport exigeant.

Allemandes et Suédoises

Si on doit se fier aux derniers résultats des championnats du monde et des Coupes du Monde, le débat chez les femmes sera fera entre les Allemandes, les Russes et les Suédoises.

Helena Jonsson tire mieux que quiconque sur le circuit de la Coupe du Monde, même mieux que les hommes, depuis deux ans. Elle est incroyable au tir debout surtout. Elle ne rate pratiquement jamais. On ne pourra l'écarter du podium et elle devrait rentrer à la maison avec quelques médailles. Sa compatriote Anna Carin Olofsson-Zidek est expirementée et solide comme le roc.

Mais les cousines germaniques comptent dans leur rang les Kati Wilhelm, Magdelena Neuner, Simone Hauswald, Andrea Henkel et Martina Beck, toutes capables de monter sur le podium.

Les Russes ont dans leurs rangs plusieurs médaillées comme Olga Zaitseva et Olga Medvedtseva. Les succès en biathlon féminin sont une tradition en Russie.

On devrait aussi avoir l'oeil sur deux jeunes Françaises, Marie-Laure Brunet et Marie Dorin et sur les jumelles ukrainiennes Valij et Vita Semerenko.

Le Canada présente une jeune équipe menée par Zina Kocher, qui compte un podium en Coupe du Monde de l'an dernier, et qui a mérité une quatrième place cette saison.

Mais comme le disait sa coéquipière Rosanna Crawford, soeur de la championne olympique de ski de fond Chandra Crawford: «L'important pour moi sera d'aimer mon sport tout autant après avoir croisé la ligne d'arrivée, que lors du départ.»