La défaite du Canada, 5-3, contre les États-Unis, dimanche, a fait beaucoup de peine aux fous des Jeux.

Les gens étaient comme hébétés après que les Américains eurent marqué un cinquième but dans un filet désert. Ça veut juste dire que les Canadiens étaient tombés dans le même piège qu'en 1972. Et qu'en 1979. Et qu'en 1981. Et qu'aux Jeux de Nagano. Et qu'aux Jeux de Turin.

Le monde se fait tellement dire que le hockey est la passion de tout le pays, que c'est le sang du Canada d'une côte à l'autre, comme dirait Piton, que c'est ce que le pays a produit de mieux dans son histoire, qu'on associe passion et victoire.

C'est toujours la même erreur. Il y a du formidable hockey qui se joue ailleurs qu'à Montréal, Philadelphie et Toronto. Et les Russes, quand ils se retrouvent ensemble avec un bon coach, se font du plaisir. Dimanche, Malkin, Semin et compagnie ont joué avec entrain et énergie contre un adversaire de haut calibre. Il ne faut pas oublier que sept joueurs de l'équipe russe viennent de la Ligue continentale. Ces gars-là sont du calibre de la Ligue nationale, qu'on se passe le mot. Et les joueurs tchèques, ils étaient sept en tout, qui ont préféré la première division de leur pays ou la KHL, ne déparaient pas leur équipe.

Quant aux Américains, Ryan Miller a été colossal devant son but. Mais Miller est colossal à longueur d'année pour les Sabres de Buffalo. Et puis, on est habitués de voir de bons gardiens voler des matchs. Surtout à Montréal. Mais il n'y a pas que le gardien qui a été fort. Patrick Kane, Paul Statsny, Zack Parise et une couple d'autres sont rapides et coriaces. Et personne là-dedans n'a de complexe.

Tout le monde à Vancouver était convaincu que Roberto Luongo serait le gardien ce soir contre l'Allemagne. Et il le sera. Personnellement, j'aurais bien plus confiance en Marc-André Fleury. Depuis deux ans, c'est lui qui dispute les plus gros matchs dans la Ligue nationale. Pas Luongo... ni même Martin Brodeur.

C'est pas fini. L'Allemagne et la Russie demeurent des adversaires qu'il est possible de vaincre. Mais va falloir être bons et chanceux.

Sinon, il va y avoir des millions de fans dans le ROC qui vont être rouges... de honte.

Au hockey féminin

Si le Comité olympique canadien comptait sur une médaille d'or pour le Canada en hockey féminin, j'espère que Mike Chambers et Marcel Aubut ont suivi le match entre les États-Unis et la Suède. Les Américaines, en souriant et en s'amusant, ont planté les Suédoises tout en se gardant une petite gêne.

Évidemment que le Canada a traversé la Finlande sans coup férir.

Mais on s'en fout un peu. Le vrai match, c'est jeudi soir qu'il aura lieu. Aussi bien dire que ce sera le seul vrai match des présents Jeux olympiques. Canada contre les États-Unis. Vous savez quoi, j'espère que Melody va donner le filet à Kim St-Pierre. J'espère que les filles ne pleureront pas après le match. Elles faisaient trop pitié à Nagano après leur défaite.

La danse n'a pas évolué

L'Amérique est folle de la danse. Chez nous, Normand Brathwaite a fait danser Radio-Canada avec Le Match des Étoiles. Et les concours de danse foisonnent à la télé américaine.

Le problème, c'est la danse sur glace aux Jeux olympiques. À cause du scandale de Salt Lake City en 2002, la fédération internationale de patinage de fantaisie a modifié son système de pointage pour le patinage artistique. Hommes, femmes et couples. Mais la danse est restée figée dans le temps. Pas de saut, pas trop de pirouettes, pas de lancer, la danse est restée... de la danse. Avec tout ce que ça veut dire de bébelles, de maquillage, de robes froufroutantes et de minoucheries pour les juges.

En plus, quand on est catalogué par les juges à une position, ça prend un miracle pour progresser vers un podium. En fait, la danse aura été passionnante quand les Duchesnay, Paul et Isabelle, ont fait sauter la baraque en refusant de se plier aux dictas des bonzes de la fédération. Ils se sont vengés en les privant de l'or malgré des numéros fabuleux, inventifs et créatifs.

Les Canadiens Tessa Virtue et Scott Moir étaient en première place avant la soirée d'hier et la danse libre. C'est déjà un exploit énorme, compte tenu que les Russes ont toujours gagné, à moins d'une exception qui m'aurait échappé, en danse. Mais encore une fois, c'est le choix musical, les costumes, les maquillages et la chorégraphie qui auront primé. C'est un sport, mais il va falloir également accepter la danse sociale aux Jeux d'été.

Un miracle en ski de fond

Les dirigeants du COC se morfondent pour expliquer que le Canada ne terminera pas premier au tableau des médailles. Pis? Avez-vous vu le relais final d'Alex Harvey hier? Le Canada a terminé quatrième. Quatrième en ski de fond, c'est déjà un miracle. Un miracle du frère André.

Le problème, c'est que le COC avait promis le premier rang pour convaincre les compagnies d'investir des millions. Vieux principe de Jean-Paul Blais. Promets moins, livre plus. Eux autres, ils ont promis plus, ils vont livrer moins. La fille est toujours déçue dans ce temps-là.

À Sotchi!

Bon, après les toasts et le beurre de pinottes du Days Inn Castle, hier matin, je me sentais pas mal moins niaiseux. Le monsieur, grande classe, est journaliste au grand quotidien du gouvernement russe. Qui a remplacé la Pravda. Autrement dit, comme si La Presse était la propriété du gouvernement fédéral. S'cusez, ne dites rien, je vous en prie.

Il s'exprime dans un français impeccable et saisit toutes les nuances de l'accent québécois. J'étais certain de mon affaire et il me l'a confirmé. Il a appris le français à l'ancienne école des langues du temps du parti communiste et de l'Union soviétique. C'est là qu'on formait les journalistes et les interprètes que le KGB autorisait à sortir de l'URSS dans les années glorieuses.

Il m'a parlé de Sotchi, la ville des prochains Jeux olympiques. D'abord, c'est sur les rives de la mer Noire, dans le Caucase et pas du tout aux confins de la Sibérie, comme je l'ai écrit. Et deuxio, si on a eu droit à des Jeux printaniers à Vancouver, on peut s'attendre à encore mieux à Sotchi. Y a des palmiers dans la ville et l'hiver, c'est encore trois ou quatre degrés plus chaud qu'à Vancouver.

Quand la Russie a obtenu les Jeux, il n'y avait aucune infrastructure de sports d'hiver en place, mais un budget de 14 milliards d'euros, environ 20 milliards de dollars, a été voté par Vladimir Poutine.

Tout innocemment, j'ai demandé à mon confrère qui donc gouvernait vraiment la Russie. Poutine ou Medvedev? Il a eu un geste élégant : «Ah ça, on ne peut répondre à cette question dans un endroit comme celui-ci.»

J'ai compris que plus ça change et plus c'est pareil.

Mais les palmiers à Sotchi, Foglia, ça te tente?