Un petit bravo à l'équipe olympique américaine, qui domine les Jeux de Vancouver et qui a eu une savoureuse réplique au prétentieux slogan du Canada, Own the Podium (À nous le podium). Les Américains répondent Rent the Podium (Louer le podium), et c'est ce qu'ils font.

Je ne sais pas qui a pondu cette formule qui est non seulement puérile, mais pas tellement accueillante pour la visite. Je soupçonne que les politiciens, fonctionnaires, présidents de fédérations et dirigeants des Jeux l'aiment beaucoup. Ce qu'ils disent aux athlètes, en fait, est: «On vous a donné des tonnes d'argent depuis quatre ans, on a fait notre part, alors performez maintenant». Une pression de plus sur des jeunes qui en ont déjà beaucoup.

Ce sont les mêmes fonctionnaires et dirigeants qui ont parlé d'une première place au classement général et d'une trentaine de médailles. Pas les athlètes.

Si vous voulez mon avis, cette affirmation est contre-productive.

Les athlètes, qui ont été placés devant un fait accompli, savent des choses que les politiciens et présidents ne semblent pas savoir: les autres pays ont de bons athlètes aussi, et ils leur ont versé des tonnes d'argent aussi. Ce n'est pas parce que le Canada vient de remédier à des décennies de négligence que les médailles vont se mettre à pleuvoir.

Mellisa Hollingsworth a pris le cinquième rang en skeleton, et elle pleurait comme si elle s'était cassé les deux jambes. Entre deux sanglots, elle

répétait qu'elle avait laissé tomber tout un pays... Voyons donc, mademoiselle, c'est votre pays qui vous a manipulée.

À ces politiciens et autres bonzes, qui sirotent des cocktails dans des loges de luxe, j'ai toujours envie de répondre: allez donc chausser les patins ou les skis avec les Allemands, les Autrichiens, les Russes, les Américains, les Hollandais et autres, pour voir s'ils sont intimidés par votre Own the Podium.

À mettre la barre trop haute, on a tous l'air fou quand la poussière retombe.Les guerriers

Charles et François Hamelin sont de gentils garçons, intelligents, sympathiques, avec de bons parents. Mais ils ne sont malheureusement pas des guerriers. Dans cette jungle qu'est le patinage courte piste, sous l'énorme pression olympique, les enfants modèles ne gagnent pas souvent.

Il faut être un peu frondeur, arrogant, jouer des coudes, ne pas se laisser intimider ni tasser. Il faut savoir semer la crainte et le doute dans le coeur de l'adversaire.

On l'a souvent entendu de la bouche d'athlètes des autres pays - en tennis surtout, les athlètes canadiens sont trop chouchoutés, adulés, on a trop peur qu'ils souffrent, alors on évite qu'ils souffrent et on en fait des champions de salon. La famille leur cherche des excuses, leur village entier se réunit pour pleurer...

Même chose à l'école, ne pas souffrir, ne pas trop travailler, avec les résultats que l'on sait.

Je leur recommande un petit stage dans un pays comme la Slovaquie ou bien la Biélorussie. Un cours d'immersion totale en souffrance pour atteindre un but.

Indigestion

Le réseau CTV fait plutôt du bon travail dans sa couverture des Jeux mais, comme c'est souvent le cas, nos collègues anglos dérapent quand il s'agit de hockey sur glace, Canada's game, comme ils disent, même si ce n'est plus vrai depuis 20 ans.

Hier, CTV nous proposait un long reportage intitulé «Qui est Sidney Crosby?»

Mes chers amis, on sait très bien qui est Sidney Crosby. On en sait plus qu'on voudrait en savoir sur Sidney Crosby. Vous nous inondez de Sidney Crosby à longueur d'année, oui, à longueur d'année. On risque de faire une indigestion de Sidney Crosby.

Aux Jeux olympiques, il y a une multitude de belles histoires personnelles. Mais il faut les chercher et elles ne sont pas aussi bonnes que Sidney Crosby pour les cotes d'écoute. À quand un «Qui est Wayne Gretzky?»