Quand un skieur alpin fait une mauvaise chute à plus de 100 km/h, les genoux, déjà fort sollicités, sont souvent les premiers à écoper. Une déchirure du ligament croisé antérieur, comme celle qu'ont subie cet hiver les Québécois François Bourque et Jean-Philippe Roy, est chose commune dans le grand cirque blanc.

Après une blessure, le retour en piste, s'il est précipité, peut ramener l'athlète à la case départ. Une invention québécoise permet désormais d'aider à mieux cibler le moment de remettre les skis. Il s'agit du système d'évaluation du genou KneeKG, mis au point à l'École de technologie supérieure de Montréal.

 

«Le KneeKG permet d'aller chercher une image en trois dimensions de la fonction du genou, explique le professeur Jacques DeGuise, titulaire de la chaire de recherche en imagerie 3D et ingénierie biomédicale à l'ETS. On a mis au point un harnais qui permet de fixer des capteurs électromagnétiques et optiques autour du genou. On a donc une image précise des mouvements du tibia, du fémur et du genou.» Une première.

«Ça ne remplace pas l'évaluation traditionnelle, davantage axée sur la laxité, la stabilité, la force et la flexibilité de l'articulation. C'est un outil complémentaire», note Alexandre Fuentes, directeur clinique de la Clinique du genou, où 700 patients ont essayé le KneeKG. Des chirurgiens orthopédistes et des physiothérapeutes saluent cette innovation.

Une dizaine de skieurs québécois ont déjà fait prendre la «signature» de leurs genoux sains. En cas de blessure, les spécialistes auront un point de repère auquel se référer pour que le genou retrouve une fonction optimale. Ça vaut pour les sportifs de toutes les disciplines. «Avec le KneeKG, on peut mieux cibler la réadaptation et les traitements de physiothérapie. Même si le genou a l'air guéri, la fonction peut ne pas être complètement rétablie. On retarde alors le retour à la compétition ou on modifie les traitements.»

L'an dernier, le Fonds de la recherche en santé du Québec a désigné le KneeKG comme l'une des 15 percées scientifiques qui auront des retombées sur la prévention, le diagnostic, le traitement des maladies ou l'organisation de la santé. «On assiste les athlètes, mais on pourrait aussi aider, en première ligne, à diriger les patients vers les bons professionnels de la santé», précise Jacques DeGuise.