Certains boxeurs sont reconnus pour leur attitude insolente et agressive avant de croiser le fer. Ils manifestent habituellement leur haine en lançant un sac d'insultes à leur rival et en faisant des gestes déplacés. On n'a qu'à penser à Mike Tyson ou Floyd Mayweather Jr. Sont-ils meilleurs sur le ring parce qu'ils sont agressifs? C'est ce qu'indiquent des psychologues du sport de l'Université Bangor en Grande-Bretagne, dont l'étude vient de paraître dans le Journal of Sport&Exercise Psychology.

Les athlètes qui recréent une émotion colérique avant une compétition améliorent leur performance sportive jusqu'à 25%, ont découvert les chercheurs britanniques. Attention, ça ne vaut que lorsque la colère est d'abord contrôlée et ensuite libérée au cours d'une tâche spécifique qui fait appel à la force brute.

«Les émotions, comme la colère ou la peur, sont là pour assurer notre survie. Si on recrée ces émotions, notre corps va sécréter plus d'adrénaline, de cortisol pour assurer notre défense, indique le psychologue sportif Bruno Ouellette, qui conseille plusieurs olympiens. Lors de mouvements qui demandent puissance, la colère peut amener une plus grande force musculaire parce que le corps est en état d'alerte. Certains coachs n'hésitent pas d'ailleurs à générer de la colère chez leurs athlètes pour en tirer le maximum.»

Cette théorie pourrait-elle s'appliquer aux sports olympiques d'hiver? «C'est plutôt contre-indiqué dans les sports où l'on doit réfléchir davantage, où la motricité fine est grandement sollicitée, comme le patinage artistique ou le ski acrobatique», indique Bruno Ouellette. L'agressivité pourrait par exemple servir les hockeyeurs, les bobeurs et les lugeurs. Mais pas les patineurs de vitesse, souligne le psychologue. «Le patin de vitesse est un sport avant tout stratégique dans lequel on doit utiliser sa tête.»

Comme l'ont indiqué les auteurs de l'étude, la recherche d'agressivité n'est pas bénéfique à tous les athlètes, peu importe leur discipline. Les athlètes extravertis auraient plus avantage à montrer les crocs que les athlètes réservés, probablement parce qu'il est plus facile pour les premiers de montrer leurs émotions en public. «La préparation varie d'une personne à l'autre, explique Bruno Ouellette. Chaque athlète a besoin d'un rituel différent pour se placer dans un état émotionnel optimal.»