Il y a quatre ans, la patineuse de vitesse Clara Hughes avait refusé une offre pour agir comme porte-drapeau aux Jeux olympiques de Turin.

Elle n'a pas été la seule à le faire. Plusieurs athlètes ont décliné l'honneur parce que leurs compétitions étaient prévues durant les premières journées des Jeux.

Le Comité olympique canadien présentera le porte-drapeau pour les JO de Vancouver ce vendredi à Richmond, en Colombie-Britannique. Et cette fois, à 37 ans, Hughes est l'une des principales candidates.

Seule athlète canadienne à avoir remporté des médailles aux Jeux d'été et d'hiver, la patineuse de vitesse longue piste est parmi ceux et celles qui seront considérées pour porter le drapeau devant la délégation canadienne, le 12 février prochain à B.C. Place.

Les autres sont le pilote de bobsleigh Pierre Lueders, la joueuse de hockey Hayley Wickenheiser, le fondeur avec déficience visuelle Brian McKeever et la coureuse en skeleton Mellisa Hollingsworth.

«Ce serait incroyable, a déclaré Hughes, dont la candidature a été présentée par Patinage de vitesse Canada. Si ce n'est pas moi, ce sera un athlète incroyable parce que je pense qu'il y a un bon nombre d'athlètes qui pourraient être choisis et qui pourraient bien remplir ce rôle, avec fierté, et mener cette équipe jusqu'à l'entrée du stade.

«Mais je ne vais pas mentir. Si c'est moi, je vais être au septième ciel.»

McKeever sera le premier athlète des sports d'hiver à prendre part aux Jeux olympiques et paralympiques.

«J'aimerais qu'on me considère comme un athlète parmi d'autres, a déclaré l'Albertain de Canmore, qui n'a que 10 pour cent de sa vision à cause de la maladie de Stargardt. Il y a tellement d'athlètes qui le mériteraient à cause de ce qu'ils ont accompli à l'échelle internationale.

«Si on me l'offre... Je ne sais pas encore quelle serait ma réaction.»

La hockeyeuse Danielle Goyette a fini par être celle qui a porté le drapeau canadien à Turin, mais le refus de plusieurs autres athlètes avait amené le commentateur télé Don Cherry à lancer: «Ils devraient avoir honte».

Catriona Le May Doan, porte-drapeau du Canada aux Jeux de 2002 à Salt Lake City, a dit qu'elle n'aurait probablement pas accepté l'honneur si elle avait dû patiner durant le week-end qui a suivi la cérémonie d'ouverture.

«Les gens n'ont pas d'idée à quel point c'est exténuant, a déclaré la double médaillée d'or olympique. Ce n'est pas tant la fatigue physique que le fait que ton système est drainé de son énergie.»

L'ex-bosseur Jean-Luc Brassard avait semé la controverse aux Jeux de Nagano en 1998 quand il s'est servi du fait qu'il avait dû agir comme porte-drapeau pour expliquer sa quatrième place au lendemain de la cérémonie.

Le May Doan a dit comprendre pourquoi un athlète refuserait le rôle de porte-drapeau.

«C'est une décision personnelle, a-t-elle affirmé au cours d'une entrevue téléphonique depuis sa résidence de Calgary. J'espère que les Canadiens comprennent, ce n'est pas parce qu'ils ne veulent pas le faire.

«Un athlète qui refuse de le faire, ce n'est pas parce qu'il ne veut pas vivre cette expérience-là - parce que c'est une sensation incroyable. Mais ils ne veulent pas sacrifier tout le travail qu'ils ont fait et leur performance sur la scène olympique.»

Des 19 Canadiens qui ont agi comme porte-drapeau aux Jeux d'hiver depuis 1924, cinq n'ont pas remporté de médaille. Dix ont décroché l'or par la suite.

Le processus de sélection du porte-drapeau commence avec les mises en candidature des différentes fédérations de sport. Un comité du Comité olympique canadien composé de deux athlètes, d'un entraîneur, du chef de mission des Jeux et de ses deux adjoints passent ensuite en revue les noms et font leur choix.

«Nous essayons autant que possible que cette décision soit prise par des gens qui sont le plus près du terrain, a déclaré Chris Rudge, chef de la direction du COC. Les athlètes et les entraîneurs ont vraiment leur mot à dire.»

Une fois que le comité a arrêté son choix, le chef de mission communique avec l'athlète.

Rudge n'est pas d'accord pour dire que la langue parlée ou le sexe de l'athlète jouent un rôle dans la sélection.

«C'est de la foutaise, a-t-il dit. Je n'ai jamais entendu de discussion autour de la table à propos du fait qu'un athlète est un homme ou une femme, anglophone ou francophone.»