A Vancouver, les scientifiques du laboratoire antidopage des Jeux olympiques travailleront jour et nuit pour fournir en moins de 24 heures les résultats des plus de 2000 tests urinaires et sanguins qui sont prévus parmi les quelque 2500 athlètes.

Le laboratoire antidopage de Montréal, l'un des 35 laboratoires accrédités par l'Agence mondiale antidopage (AMA), se vidait début janvier de ses appareils, chromatographes gazeux couplés à des spectromètres de masse, jouets high-tech à plus de trois cent mille euros pièce.

Ces machines sophistiquées prennent la direction de Vancouver, où un établissement à la fine pointe de la technologie, conçu comme une réplique de l'établissement québécois, sera opérationnel quelques jours avant le début des Jeux dans l'anneau olympique de Richmond (banlieue de Vancouver), théâtre du patinage de vitesse longue distance.

«Ces appareils nous servent à dépister une grande proportion des substances interdites, les stimulants, les narcotiques, les diurétiques, les corticostéroïdes», a expliqué à l'AFP Christiane Ayotte, directrice du laboratoire de Montréal.

À chaque discipline, ses produits dopants vedettes. Les bêta-bloquants sont particulièrement prisés chez les joueurs de curling, les lugeurs et les sauteurs à ski pour réduire les tremblements et faire baisser l'angoisse. L'EPO (érythropoïetine), qui permet de stimuler la production de globules rouges et favoriser ainsi l'endurance, reste largement répandu en ski de fond et en biathlon.

scellés

Afin d'éviter les risques de manipulation, c'est en présence d'un responsable que le sportif sélectionné devra fournir son urine. L'échantillon deviendra ensuite totalement anonyme, identifié uniquement par un numéro ou un code barre dans deux flacons, bleu et orange, parfaitement scellés.

Les chercheurs du laboratoire ne sauront jamais à qui elle appartient. Le flacon bleu sera utilisé pour les analyses, le flacon orange gardé fermé pour une contre-expertise que tout athlète a le droit de demander en cas de résultat positif.

«Nous cherchons à atteindre le même niveau de fiabilité que celui nécessaire pour satisfaire aux critères de la médecine légale, des preuves présentées à la justice», souligne Christiane Ayotte.

Aussi performant soit le matériel de détection, nul ne peut cependant garantir que les tricheurs ne passent pas entre les mailles du filet antidopage.

«Les cyniques diront que ce sont les athlètes les moins bien entourés ou encadrés qui risquent d'être contrôlés positifs, ceux qui n'auront pu ajuster leur prise d'agents dopants en l'absence d'un laboratoire compétent à leur service», observe la chimiste.

Les sportifs peu scrupuleux étant devenus très professionnels dans leur protocole de dopage, ils savent bien qu'il vaut mieux faire des cures dans les semaines précédant les compétitions: ils peuvent en tirer encore des bénéfices durant leurs épreuves tout en ayant de grande chance de rester négatifs lors des contrôles, les marqueurs des substances interdites ayant disparu depuis longtemps de leurs fluides biologiques, urine ou sang.

«Ce n'est pas parce qu'il n'y aura pas de contrôles positifs qu'on peut garantir qu'aucun des athlètes n'aura utilisé de produits dopants», précise Christiane Ayotte.