Jessica Dubé et Bryce Davison accumulent les honneurs depuis leur réunion en 2003: deux médailles d'argent aux Mondiaux juniors, deux titres nationaux et, surtout, une médaille de bronze aux derniers Championnats du monde. Pourtant, leur association a failli chavirer l'an dernier.

Jessica Dubé et Bryce Davison ont commencé à patiner ensemble en 2003. Elle venait de Drummondville, lui de Cambridge, en Ontario. Elle avait 15 ans, il en avait 17. Quand ils ont commencé à sortir ensemble, deux ans plus tard, les deux partenaires se sont promis une chose: le patin d'abord.

Simple en apparence, l'engagement a été plus difficile à respecter quand il y a eu rupture, il y a un an et demi. Plus tard, Jessica s'est fait un nouveau chum. Bryce le connaissait bien. Le tumulte de l'amour, quoi.

La suite a été délicate, surtout que les deux patineurs, dépouillés de leur titre national acquis en 2007, se préparaient pour les Championnats du monde de Göteborg, en Suède.

Surprenant bien du monde sauf eux-mêmes, Dubé et Davison ont réussi l'exploit de monter sur la troisième marche du podium à ces Mondiaux.

Comment ont-ils fait? «Je ne sais pas», répond franchement Dubé, rencontrée plus tôt cette semaine entre deux séances d'entraînement à l'aréna de Contrecoeur. «On a vraiment focalisé sur la patinoire. Dans le fond, on savait qu'on avait une chance pour les Mondiaux. Il fallait tout faire pour que ça marche sur la glace.»

Le retour a été plus difficile. Écorché et incertain de son avenir, Davison a songé à raccrocher. «C'est certain que c'est difficile de travailler avec ton ex à tous les jours, mais tu en reviens et éventuellement la vie continue, raconte l'Ontarien d'origine. Je dois simplement me souvenir qu'elle était ma partenaire avant que je sorte avec elle et qu'elle l'est toujours.»

«Mais il n'y avait pas que ça, il y avait aussi l'âge, enchaîne l'athlète de 23 ans. Tous mes amis en étaient à leur dernière année à l'université. Je me suis demandé si je n'étais pas satisfait de ce que j'avais accompli dans le patin, et si je ne voulais pas faire autre chose, comme des études en médecine, par exemple. Ça a pris un bout de temps avant de me décider.»

L'appel des Jeux olympiques de Vancouver et le sentiment qu'il pouvait encore s'améliorer ont fini par prévaloir, au grand soulagement de Dubé, qui ne se voyait pas avec un autre partenaire. «C'est notre rêve commun», dit-elle.

Malgré les bonnes résolutions, la reprise estivale n'a pas été simple. La communication a parfois fait défaut, chacun préférant jouer la carte de l'isolement. De mauvais entraînements ont fini par mener à des résultats mitigés, comme cette troisième place au Trophée NHK, au Japon, ce qui a exclu le couple canadien de la prestigieuse finale du circuit Grand Prix, à la mi-décembre.

«On n'était pas dans le groove, résume Davison. On ne travaillait pas comme des acharnés à tous les jours. Quand ça arrive, tu n'obtiens pas les résultats. Ça a été une grande leçon.»

Il a fallu de longues discussions pour aplanir les difficultés. L'entraîneuse Annie Barabé y a mis son grain de sel, de même que le psychologue sportif Sylvain Guimond.

«On doit toujours clarifier ces choses-là chaque trois mois, mentionne Davison. On s'assoit et on parle un bon deux heures pour s'assurer que tout est OK et qu'on s'en va dans la bonne direction.»

Forts de cette complicité retrouvée, Dubé et Davison ont su rebondir. Ils ont repris le titre canadien à Saskatoon, en janvier, et, surtout, ils ont raflé l'argent aux Championnats des Quatre continents, le mois dernier, à Vancouver. «On a devancé l'un des deux couples chinois, ce qui est énorme pour nous», souligne Davison.

Dès demain, au Staples Center de Los Angeles, Dubé et Davison s'attaqueront à leurs quatrièmes championnats du monde. «Sept ou huit couples peuvent monter sur le podium, prévient Dubé. C'est pas mal égal.» Confiants et réalistes, mais avec une idée en tête: le patin d'abord.

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DES COUPLES À SUIVRE DE PRÈS


Avec une médaille de bronze à Göteborg l'an dernier, JESSICA DUBÉ et BRYCE DAVISON sont devenus le premier couple canadien à monter sur le podium aux Mondiaux depuis Jamie Salé et David Pelletier, champions du monde à Vancouver en 2001. À Los Angeles, leurs principaux adversaires seront sensiblement les mêmes qu'il y a un an en Suède.

ALIONA SAVCHENKO - ROBIN SZOLKOWY, ALLEMAGNE, 25 ET 29 ANS

Premiers aux Mondiaux de 2008: «Ils nous ressemblent beaucoup, note Davison. Ils sont complets et n'ont pas de faiblesse majeure.» «Entre les éléments, ils font des trucs spéciaux auxquels tu ne t'attends pas, ajoute Dubé. Leur coach (Ingo Steuer) est aussi leur chorégraphe et ça sort toujours de l'ordinaire. «

PANG QING - TONG JIAN, CHINE, 29 ANS

Premiers à la finale du Grand Prix 2008: Davison: « Ils sont explosifs. Ils exécutent des choses qui te font dire : wow!» Dubé : «Leurs lancées et leurs twists sont tellement énormes. Les deux couples chinois (ndlr : Zhang Dan et Zhang Hao) se démarquent beaucoup avec ces éléments. «

KEAUNA MCLAUGHLIN - ROCKNE BRUBAKER, ÉTATS-UNIS, 16 ET 22 ANS

Doubles champions américains, première participation aux Mondiaux (McLaughlin était trop jeune l'an dernier) : «Leur vitesse est impressionnante, souligne Dubé. Ils filent sur la glace!»