Le coup de gueule de Marc Gagnon a provoqué une onde de choc au sein de l'équipe canadienne de patinage de vitesse courte piste. Déçus et choqués par les propos de l'ancien champion, athlètes et dirigeants estiment qu'il est mal informé.

«Le plus choquant, c'est que Marc fait des allégations alors qu'on ne l'a pratiquement pas vu à l'aréna depuis trois ou quatre ans», a réagi Brian Rahill, directeur du sport et du programme olympique à Patinage de vitesse Canada, hier.

 

«Sa vision est erronée, a poursuivi le grand responsable de la performance à la fédération canadienne. Les athlètes sont surtout déçus qu'il ait fait une sortie comme ça sans avoir vraiment le pouls du programme.»

Les dirigeants de l'équipe ont également déploré le moment choisi par Gagnon pour vider son sac. Les patineurs canadiens sont présentement aux Pays-Bas en vue de leur dernière compétition de la saison, les championnats du monde par équipes, qui s'amorcent aujourd'hui.

Dans une sortie fracassante à La Presse, Gagnon a estimé que les résultats aux derniers Championnats du monde de Vienne démontraient que le Canada était en régression depuis quelques années. Le plus grand médaillé masculin de l'histoire olympique canadienne a entre autres déploré un manque de motivation à l'entraînement et le piètre apport des entraîneurs. Dans les circonstances, Gagnon ne croit pas que le Canada soit en mesure d'atteindre son objectif de six podiums aux prochains Jeux de Vancouver en 2010.

«Il n'y a aucun doute que les athlètes s'entraînent fort, a répliqué Rahill. La preuve est que Charles Hamelin a établi un record du monde du 1000 mètres, en janvier, à Montréal, sur une glace pas nécessairement reconnue pour être la plus rapide au monde. Charles a essentiellement battu le record en tirant tous les tours. Tu ne fais pas ça sans être engagé totalement à l'entraînement au quotidien.»

À Vienne, Hamelin a gagné l'or au 500 mètres, mais il a été disqualifié aux 1000 et 1500 m. Aucun patineur canadien n'est parvenu en finale sur ces deux dernières distances, au grand désarroi de Gagnon.

«On a quand même gagné de 25 à 30% de nos médailles de Coupe du monde au 1000 mètres», a souligné Rahill, qui souhaitait ainsi réfuter l'argument de Gagnon comme quoi les patineurs canadiens ne sont devenus que des spécialistes du 500 m. «C'est certain qu'on aimerait gagner plus de médailles sur les plus longues distances, mais ce sont des choses sur lesquelles on travaille», a-t-il ajouté, jugeant «acceptable» la performance des siens en Autriche.

Rahill a également affirmé que la fédération canadienne avait tout fait pour répondre aux désirs de l'entraîneur coréen Jae Su Chun, contrairement à ce que soutient Gagnon. «Même si on lui a donné ce qu'il recherchait, il s'est viré de bord et il est allé signer avec les Américains», a-t-il indiqué.

Chef de mission de l'équipe olympique à Vancouver, Nathalie Lambert a été choquée par la sortie de son ancien coéquipier. «Il a l'air d'avoir beaucoup d'amertume et de crottes sur le coeur, a-t-elle déclaré. Mais je vois qu'il n'offre aucune solution concrète. C'est démolir pour démolir, ce qui n'est jamais très positif.»

Lambert estime que les nombreuses disqualifications et les blessures qui ont affaibli l'équipe féminine doivent être considérées dans l'analyse des performances du Canada aux Mondiaux.

«Ça me fait beaucoup penser aux Jeux de 1994, où il y a eu beaucoup de malchances, a rappelé Lambert. On avait vraiment foiré, mais un mois plus tard, aux championnats du monde, on avait à peu près tout gagné. Tu ne peux pas tout remettre en question sur la base d'un seul événement.»