La cause semblait entendue : le titre le plus prestigieux, celui de John Kucera en descente, cachant une flopée de résultats décevants pour le Canada aux Championnats du monde de ski alpin. On avait oublié Michael Janyk.

Le skieur de Whistler a causé la surprise en arrachant la médaille de bronze du slalom en conclusion des Mondiaux de Val d'Isère, dimanche. Janyk a survécu à une véritable hécatombe sur la redoutable Face de Bellevarde pour offrir une toute première médaille au Canada dans une discipline technique masculine aux Mondiaux.

«La victoire de John a montré que pour une fois, le Canada l'avait fait, qu'on pouvait le faire, qu'on n'était pas toujours du mauvais côté des centièmes, a souligné Janyk en conférence de presse. Après ça, je savais qu'on n'était pas une nation de troisième catégorie sur la scène mondiale. On est ici pour gagner et on peut gagner.»

Neuvième de la première manche, Janyk a su conjuguer risques et fluidité pour s'installer en tête à l'issue de la manche ultime. L'athlète de 26 ans savait qu'il tenait un bon résultat, mais de là à monter sur le podium...

Son sourire s'est mis à grossir et à grossir quand les Byggmark, Raich, Moelgg et Ligety se sont mis à enfourcher les piquets ou à sortir du parcours. Le Français Julien Lizeroux, éventuel médaillé d'argent, a ensuite devancé Janyk avant que la Bellevarde ne fasse deux nouvelles victimes, le Français Jean-Baptiste Grange, grand favori, et le Suédois Brolenius.

Janyk était donc assuré d'un podium quand Manfred Pranger, meilleur temps de la première manche, s'est faufilé jusqu'à la médaille d'or, une première pour la wunderteam autrichienne, mise à mal dans les Alpes.

Limité à un podium en Coupe du monde, Janyk a raté la presque totalité de la dernière saison en raison d'une hernie discale. Relégué aux banquettes arrières au début de l'hiver, il a graduellement rebâti son statut, enregistrant quatre top 10 en janvier, dont une huitième place à Wengen grâce au deuxième temps de la manche décisive.

Janyk a pris soin de remercier ses coéquipiers, dont son ami Julien Cousineau, avec qui il est allé se requinquer lors d'un voyage à Florence avant le début des Mondiaux. Cousineau, de Lachute, a chuté aux deux tiers de la manche initiale.

Dans l'ombre des as de la vitesse depuis des décennies, les «Carving Canucks» ont repris du lustre depuis le retour de l'entraîneur Dusan Grasic, un dur de dur.

«On a vécu une période difficile l'an dernier, a souligné Janyk. On n'était pas là du tout. Mais on savait que c'était possible. On s'est entraîné très fort et maintenant c'est arrivé. C'est irréel.»

Janyk sait maintenant ce qui l'attend : une tonne de pression en vue des Jeux olympiques de 2010. Janyk reste à cinq minutes de la ligne d'arrivée de la piste olympique de Whistler.

«J'ai skié ce parcours toute ma vie, a raconté le frère cadet de Britt Janyk, elle aussi membre de l'équipe nationale. Je m'y suis même brisé une jambe en faisant du ski libre à l'âge de 13 ans... Aujourd'hui, je me suis prouvé que je pouvais bien faire lors d'une journée importante dans un grand événement. Bien sûr, ma médaille ajoute de la pression pour 2010, mais c'est ce que je veux. De toute façon, peu d'athlètes ont cette chance unique de pouvoir disputer des Jeux olympiques sur la montagne de leur enfance.»

Avec deux médailles, l'équipe canadienne conclut les Mondiaux de Val d'Isère au quatrième rang du tableau cumulatif, à égalité avec des pays comme l'Allemagne, la Norvège, l'Italie et la Finlande. Il s'agit du meilleur résultat depuis les Mondiaux de St-Moritz, en 2003, où Mélanie Turgeon et Allison Forsyth avait gagné respectivement l'or et le bronze.

Aux Jeux de Vancouver, l'objectif sera de trois à quatre podiums. «Val d'Isère est une façon de mesurer le chemin parcouru, a évalué Paul Kristofic, entraîneur-chef de l'équipe masculine. On est clairement sur la bonne voie, ce sont d'excellents résultats, mais on peut faire mieux.»