Bien que la crise économique mondiale semble être un nuage noir qui plane au-dessus du comité organisateur des Jeux olympiques d'hiver qui auront lieu en 2010 à Vancouver, des spécialistes estiment que si une récession devait survenir, elle ne pouvait arriver à un meilleur moment.

Les organisateurs doivent composer avec toutes sortes de choses comme les dépassements de coûts résultant de la crise du crédit et le marché en chute de l'immobilier, ainsi que les revenus de publicité moins élevés qu'anticipés. Sauf que la plupart des dossiers les plus importants concernant les dépenses et les revenus en vue des JO ont été réglés avant même que la crise financière ne se manifeste.

Et alors qu'on prédit une reprise économique au début de la deuxième moitié de l'année 2009, les spécialistes estiment que les nuages financiers pourraient se dissiper juste à temps pour le début des Jeux en février 2010.

«Bizarrement, c'est une bonne chose que cela arrive maintenant et pas avant, au moment où les Jeux nous étaient proposés», a déclaré Patricia Croft, économiste en chef chez RBC.

Mais Croft prévient que les JO sont quand même affectés par la crise économique mondiale, une série d'événements qui ont mené à un contexte plus sérieux que la majorité des experts ne l'avaient prédit.

«Je suis certaine qu'au moment où les organisateurs se sont assis et ont discuté de tous les scénarios possibles qui pourraient se présenter par la suite, ceci n'était pas du tout sur leur radar», a noté Croft.

Dave Cobb, vice-président exécutif du revenu pour le comité organisateur des Jeux de Vancouver (COVAN), a affirmé que les organisateurs avaient planifié en fonction de fluctuations économiques dans les années menant jusqu'aux Jeux, mais pas vraiment en prévision d'une aussi forte récession.

Cela dit, le comité n'avait pas prévu, non plus, que l'économie progresse autant qu'elle ne l'a fait avant la crise, a souligné Cobb.

«Si on fait la moyenne, en dépit de ce qui est arrivé au cours de la dernière année, cela revient probablement à peu après à ce que nous nous attendions», a dit Cobb.

Quand même, par prudence, le COVAN a récemment révisé son budget en retranchant des millions de dollars de la phase post-JO et en augmentant les dépenses au chapitre des opérations.

Le budget de fonctionnement s'établit maintenant à 1,75 milliard $, une hausse de 127 millions $ par rapport à l'estimation initiale de 1,63 milliard $.

Dans le budget révisé, on a augmenté les revenus attendus en matière de ventes de billets et de souvenirs, tandis que les organisateurs prévoient embaucher 100 personnes de moins. Le COVAN va par ailleurs annuler l'augmentation salariale de trois pour cent qu'on prévoyait accorder aux employés et dépenser moins sur les publicités ayant trait à la vente de billets et de publications diverses.

Le COVAN a également augmenté de 27 millions $ son coussin budgétaire. Ce qui viendra s'ajouter au fonds de prévoyance de 50 millions $, qui s'élevait auparavant à 100 millions $ mais au sein duquel on a déjà puisé afin de composer avec les coûts d'organisation à la hausse.

Le COVAN insiste aussi pour souligner que les commanditaires déjà en place resteront à bord, même ceux qui doivent composer avec leurs propres difficultés financières comme Nortel et General Motors. Même chose dans le cas de la minière de Vancouver Teck Cominco, qui doit fournir les métaux pour les médailles olympiques.

Une autre conséquence de la crise financière mondiale se situe au niveau de la construction du village des athlètes à Vancouver.

Le bailleur de fond initial du projet a interrompu le remboursement de sa dette aux promoteurs à l'automne à cause des dépassements de coûts et de la chute du marché immobilier.

Maintenant, la ville de Vancouver cherche à emprunter les 450 millions $ restants pour compléter la construction du village, et aussi pour pouvoir avancer le prochain paiement de construction aux promoteurs.

Ce qui a amené les agences de crédit Standard and Poor's et DBRS à remettre à l'étude la cote de crédit de la ville. Ce qui pourrait avoir des conséquences négatives.

Les coûts du projet de 1 milliard $, qui permettra d'abriter 110 athlètes durant les Jeux avant d'être converti en résidences privées, se divisent en 193 millions $ pour le terrain, 750 millions $ pour la construction et 125 millions $ pour les dépassements de coûts.

Jock Finlayson, du conseil d'entreprise de la Colombie-Britannique, a dit que le COVAN n'est pas à blâmer pour les problèmes financiers qui ont affecté les Jeux jusqu'ici.

«Si le COVAN peut livrer son plan d'affaires en respectant les paramètres et le budget, ce sera alors un succès», a-t-il affirmé.