Ancien joueur de basketball et de handball dans son Irlande natale, John Furlong rêvait de participer aux Jeux olympiques. Il réalisera ce rêve par procuration à titre de directeur général du comité d'organisation des Jeux de Vancouver en 2010 (COVAN). La Presse fait le point sur les défis qui l'attendent.

John Furlong était peu connu du grand public avant de s'investir dans le comité de candidature pour les Jeux de Vancouver. Douze ans plus tard, il figure au deuxième rang de la liste des 50 personnalités les plus influentes du magazine Vancouver, derrière le premier ministre de la Colombie-Britannique, Gordon Campbell. À un peu plus d'un an de l'événement, les travaux vont bon train à Vancouver et Whistler. La Colombie-Britannique est presque prête à accueillir la planète sportive. La semaine dernière, M. Furlong a reçu La Presse dans les bureaux du COVAN à East Vancouver, où fourmillent quelque 1200 employés.

 

Q Le budget est presque bouclé, les infrastructures sont presque toutes complétées, la vente des billets est un franc succès. Comment vous sentez-vous à un peu plus de 13 mois de la cérémonie d'ouverture?

R C'est un peu comme être dans le vestiaire avant de sauter sur le terrain pour le match final. Tu as des papillons dans l'estomac, une nervosité saine par rapport à ce qui s'en vient.

Q Des gens disent que vous établirez une sorte de record du monde en menant un projet de Jeux olympiques de bout en bout. Comment avez-vous fait?

RTu es près de l'épicentre des Jeux. Le niveau d'énergie y est renversant et tu es entouré par une grande diversité d'opinions: devrait-on faire ci, devrait-on faire ça? J'ai probablement pris ma meilleure décision le jour où je me suis assis avec les gens du conseil d'administration. Tout le monde devait comprendre que ça ne pouvait être mené par une seule personne. On avait besoin de la meilleure équipe, animée par les bonnes valeurs et les personnes qui y croient. Pas des gens qui viendraient parce qu'ils ont fait ça dans le passé. On avait besoin de gens qui étaient galvanisés par l'idée de faire ça pour le pays. Mais ce n'est pas facile. Je suis persuadé que si vous demandiez à chacune des personnes qui travaillent ici, elle vous répondrait que c'est la chose la plus difficile qu'elle a eu à accomplir.

Q La crise économique mondiale sera peut-être votre plus important défi. Comment l'envisagez-vous?

R Ce n'est pas comme si ce n'était déjà pas assez compliqué... Mais le monde change. Il y a une dynamique que peu de gens parviennent même à décrire. En tant qu'organisation, tu dois composer avec quelque chose qui n'est pas si tangible. Tu sais qu'à un moment donné, ce changement d'environnement va probablement t'affecter. Mais on s'est organisés pour avoir du succès. Nos sites ont été terminés tôt, on a atteint toutes nos cibles. On fait tout pour tenir nos engagements. On a l'argent nécessaire pour tenir les Jeux. Ça va pas mal bien. Mais quand tu organises un événement d'une telle ampleur, ce n'est pas raisonnable de croire que tu ne seras pas confronté à de grands défis.

Q Comment se prépare-t-on à la tempête?

R On a un plan pour se protéger des immenses pierres qui pourraient débouler devant nous et que personne n'attendait. C'est ce à quoi on s'est appliqués dernièrement. Je dirais que notre sentiment de confiance est raisonnablement élevé par rapport au fait que tout a été couvert. Mais on continue d'agir comme si une surprise nous attendait au tournant.

Q Craignez-vous un désengagement de vos partenaires en raison de la crise économique?

R La famille à laquelle on appartient comprend 200 parties en mouvance. Une centaine d'entre elles sont des entités étrangères, comme des comités olympiques nationaux et des fédérations internationales, qui ont des intérêts à tenir les Jeux. Puis, il y a un groupe que j'appellerais les «partenaires organisationnels» (commanditaires et gouvernements municipaux, provinciaux et national) qui partagent tous une certaine responsabilité par rapport à la tenue des Jeux. Jusqu'à maintenant, chacun des membres a honoré ses engagements.

Q Qu'auront de particulier les Jeux olympiques de Vancouver?

R Presque tous les Jeux précédents étaient centrés autour d'une ville ou même d'un secteur d'une ville. L'attention était là. Par exemple, en 2002, je ne crois pas que quiconque vivant à New York, Los Angeles, La Nouvelle-Orléans ou Miami regardait les Jeux de Salt Lake City en se disant: «Ce sont mes Jeux».

Mais je peux vous dire qu'il y a des gens à Montréal, Québec, Kugluktuk ou Regina qui ont le sentiment que ce sont leurs Jeux. Ça rend cela spécial pour nous, mais ça ajoute aussi aux responsabilités. Les attentes sont élevées.