À quelques heures de prendre le départ à son tout premier Tour de France, le Québécois David Veilleux parvenait à garder son calme, vendredi, même s'il se trouvait sur place depuis le milieu de la semaine.

«C'est assez tranquille pour l'instant, a indiqué le coureur de 25 ans au cours d'une conférence téléphonique tenue à la veille du départ de la 100e présentation du Tour de France. Étant donné qu'on est en Corse, le décor est différent - il fait beau, il n'y pas tant de gens que ça... Alors pour l'instant, je ne ressens pas trop de stress, et c'est parfait comme ça. J'aime autant essayer de repousser cette nervosité-là, essayer d'être le plus reposé possible pour être prêt mentalement à affronter les trois prochaines semaines.»

C'est seulement une fois qu'il se retrouvera en selle, au milieu des spectateurs, que Veilleux s'attendait à s'imprégner réellement de l'atmosphère du Tour. Ce qui pourrait prendre quelques jours encore.

«Les gars dans l'équipe ne savaient pas trop combien de gens se sont déplacés en Corse. Alors c'est peut-être seulement à Nice qu'on va voir ce qu'est vraiment le Tour de France», a avancé le cycliste de Cap-Rouge en faisant allusion à la quatrième étape, qui aura lieu mardi.

En attendant, Veilleux a glané toutes sortes de renseignements auprès de ses coéquipiers et des autres membres d'Europcar afin d'en savoir le plus possible sur les particularités du Tour de France.

«Dans le fond, ça fait deux ans et demi que j'en pose, des questions, soit depuis que je fais partie de l'équipe, a indiqué Veilleux. Pour une équipe comme la nôtre, le Tour de France c'est la course de l'année, alors on en parle tout le temps. Et aussi, j'étais curieux de connaître le vécu des autres coureurs, alors on en a souvent parlé.»

Ce que Veilleux a retenu de leurs témoignages, c'est que les coureurs sont tellement sollicités par les médias et les spectateurs que la gestion du repos devient primordiale.

«Le stress autour de la course est tel que parfois, tu as juste hâte de rentrer dans ta chambre d'hôtel pour arrêter d'entendre les gens crier, a-t-il décrit. La nervosité est différente parce qu'il y a tellement d'enjeu. Et aussi, il y a la difficulté de la course en soi, parce que ça roule vite et qu'il faut tenir le coup.»

Veilleux, à qui Europcar demandera de faire du travail de soutien, a dit s'attendre à travailler davantage pour Pierre Rolland que pour l'autre chef de file de l'équipe, Thomas Voeckler. Le premier visera surtout de bien faire au classement général, tandis que le deuxième, qui aime travailler plus en solitaire, cherchera plutôt à réaliser des coups d'éclat lors d'étapes-clés.

«Thomas n'a pas besoin d'avoir cinq gars qui l'entourent en tout temps. Il ne vise pas vraiment le classement général, alors il ne suscitera pas beaucoup d'attention de notre part, a indiqué Veilleux. L'attention va être davantage dirigée vers Pierre qui, en visant de bien faire au classement général, ne pourra se permettre aucune perte de temps inutile.

«Thomas va quand même avoir besoin d'aide lors d'étapes-clés, pour lancer des attaques ou pour se faire accompagner dans la bonne échappée, afin qu'on lui enlève du travail et de la pression.»

Veilleux a par ailleurs des visées modestes sur le plan personnel.

«Je n'ai aucune attente au niveau des performances, a-t-il dit. Je vais voir comment la course se déroule. Mon but, ça va être de faire mon travail de coéquipier - et j'aimerais vraiment ça pouvoir me rendre jusqu'aux Champs Élysées.»

Et si jamais il peut réaliser un coup d'éclat, Veilleux ne s'en privera pas.

«Je suis ici pour aider Pierre et Thomas, mais (les dirigeants d'Europcar) ne vont pas m'enchaîner à Pierre non plus. Ils vont me laisser aller si jamais une opportunité d'aller dans une échappée se présente - tout ça, sans nuire au classement général de Pierre.»

Veilleux a par ailleurs vivement réagi aux propos de Lance Armstrong, qui a déclaré au journal Le Monde qu'il était impossible à son époque de gagner le Tour de France sans se doper.

«C'est sûr qu'il va dire ça, il n'a pas été capable de le faire sans tricher, a lancé Veilleux. Maintenant le sport a changé et je suis très content d'être là, parce que je prouve qu'on peut progresser, se dépasser et se retrouver au départ du Tour de France à l'eau claire.

«Je suis toujours resté propre, j'ai toujours voulu garder une éthique irréprochable à ce niveau-là, et je suis content d'avoir réussi à le faire. J'espère servir d'exemple.»