Andy Schleck a mené une attaque de longue haleine en route vers la victoire à la 18e étape du Tour de France, jeudi, à l'occasion d'une audacieuse tentative visant à arracher à Thomas Voeckler un maillot jaune que le Français a retenu de peine et de misère.

La montée ultime du champion en titre Alberto Contador s'est avérée plutôt médiocre, incitant l'Espagnol à déclarer nulles ses chances de signer un troisième triomphe d'affilée.

«La victoire est impossible maintenant, a-t-il reconnu. J'ai connu une mauvaise journée. Mes jambes n'ont pas répondu et j'ai juste frappé un mur. Ç'a été une journée difficile dès le départ.»

Schleck, un Luxembourgeois de 26 ans, a lancé son attaque aux dépens de ses principaux rivaux dans la deuxième des trois difficiles montées du tracé, puis il a tenu jusqu'à la ligne d'arrivée placée à la plus haute altitude jamais enregistrée dans l'histoire du Tour, sur le réputé col Galibier.

«J'ai dit à l'équipe hier que j'avais ceci en tête. Je n'allais pas arriver quatrième à Paris», a dit Schleck de sa place au classement au moment d'amorcer l'étape. «J'ai dit que j'allais tout risquer... C'est ma façon d'être: je n'ai pas peur de perdre.»

«Je me sentais super bien aujourd'hui, a-t-il ajouté. Demain est une autre journée, et j'espère avoir le maillot jaune.»

Frank Schleck a terminé deuxième jeudi derrière son frère, avec deux minutes et sept secondes de retard, et l'Australien Cadel Evans a suivi en troisième place à l'issue de l'étape de 201 km amorcée à Pinerolo, en Italie.

Voeckler a suivi avec 2:21 de retard et n'a plus qu'une maigre avance de 15 secondes sur Andy Schleck au classement général. Frank Schleck est troisième au cumulatif, à 1:08.

Contador a été le plus grand perdant de la journée, avec une 15e place d'étape, à 3:50. Au général, il a un déficit de 4:44 derrière Voeckler en septième place.

Le Canadien Ryder Hesjedal a terminé l'étape en 10e place et s'est retrouvé 22e, à 23:19 de Voeckler.

«Je vous prie de me laisser respirer. À 2650 mètres, l'oxygène est rare», a déclaré un Voeckler épuisé aux journalistes à la ligne d'arrivée, où il a quand même trouvé la force de lever un poing en signe de triomphe quand il a constaté qu'il avait conservé la maillot jaune.

«J'ai limité les dégâts, a-t-il ajouté. J'ai tout donné.»

Schleck, le chef de file de l'équipe Leopard Trek, savait en début de journée qu'il aurait besoin de gagner du temps sur ses rivaux avant le contre-la-montre de samedi - une discipline qui n'est pas sa spécialité.

L'étape a permis de faire la démonstration que la tactique et le travail d'équipe peuvent être des éléments essentiels à la victoire. Leopard Trek a envoyé deux coureurs dans l'échappée du jour afin qu'ils puissent escorter Schleck si celui-ci devait s'avérer incapable de distancer ses rivaux.

Avec 56,6 km à faire dans l'étape, Schleck s'est forgé une avance de plus d'une minute sur les principaux aspirants. À 30 km de l'arrivée, en approchant le pied de la dernière montée, Schleck et quatre autres coureurs en échappée ont rejoint Maxim Iglinsky du Kazakhstan, qui avait roulé en solitaire pendant une bonne partie de l'étape.

Au pied de la montée du col Galibier longue de 23 km, Schleck et cinq autres coureurs de l'échappée avaient accru leur avance à trois minutes et demie sur le peloton.

À 10 km de la fin, Schleck continuait de gagner du temps et menait par près de quatre minutes et demie. Evans a alors attaqué, mais malgré sa vitesse il n'a jamais pu complètement refermer l'écart.

Vendredi, le peloton disputera la dernière des trois étapes dans les Alpes. La ligne d'arrivée sera de nouveau placée en pleine montée, dans un endroit légendaire, l'Alpe d'Huez.