Si le Tour de France oppose avant tout des coureurs, il est est aussi le terrain d'une féroce compétition entre les fabricants de cycles qui rivalisent de prouesses technologiques pour faire gagner leurs écuries.

Chaque grande marque équipe ses formations: le géant Specialized équipe les formations Saxo Bank d'Alberto Contador, Astana d'Alexandre Vinokourov et HTC de Mark Cavendish, Trek fournit l'équipe Leopard des frères Schleck, Cervélo la Garmin de Thor Hushovd et de Tyler Farrar, BMC l'équipe qui porte son nom emmenée par Cadel Evans...

«C'est la plus grande course cycliste au monde, donc le meilleur espace d'exposition de nos vélos à une échelle planétaire», explique Tom Fowler, responsable du développement chez Cervélo. «C'est le terrain de test idéal, en conditions réelles de course», ajoute Nikane Mallea, représentante de Specialized au sein de l'équipe américaine HTC.

Les deux firmes ont profité de la Grande Boucle pour présenter leurs derniers modèles.

«On essaie de développer des modèles à temps pour le Tour. Mais cela prend du temps et il faut être sûr qu'ils soient opérationnels», explique le technicien de Cervélo, dont le S5 a été sorti plus de deux ans après son prédécesseur le S3.

La course au gain de temps se fait selon le credo: «stronger, stiffer, lighter» («plus solide, plus rigide, plus léger»).

Espionnage

Leurs ingénieurs mènent en soufflerie des études sur l'aérodynamique, développent dans le secret des laboratoires de recherche et développent des nouvelles fibres de carbone assurant le meilleur compromis, notamment entre rigidité (elle permet une conduite plus précise et plus réactive) et la légèreté. L'Union cycliste internationale (UCI) interdit toutefois les vélos d'un poids inférieur à 6,8 kg.

Les secrets de fabrication et les brevets sont soigneusement gardés, tout comme les sommes dépensées ou encaissées. «Les investissements se chiffrent en millions de dollars», se contente de répondre Tom Fowler.

«Les retombées d'une victoire comme celle d'Alberto Contador sont énormes, mais ça varie selon les marchés», élude Nikane Mallea. Avec trois équipes qui disputent le World Tour, sa firme Specialized touche des publics des Etats-Unis à l'Asie.

Dans un secteur très concurrentiel, l'espionnage est une pratique courante sur les parkings où se côtoient avant et après chaque étape les bus des équipes. «Quand ils (les concurrents) me voient, ils rangent les vélos, sourit Nikane Mallea. Ca fait partie du jeu, on le fait tous, depuis toujours».