L'Espagnol Alberto Contador a retrouvé lundi le maillot jaune du Tour de France dans un début de polémique après l'incident mécanique qui a retardé son rival luxembourgeois Andy Schleck dans la 15e étape gagnée à Luchon par le champion de France Thomas Voeckler.

Contador précède désormais de 8 secondes le cadet des frères Schleck, qui a lâché 39 secondes à son rival à cause d'un problème de dérailleur dans le dernier col, à quelque 25 kilomètres de l'arrivée.

Contador, vainqueur sortant du Tour, a endossé pour la première fois le maillot jaune cette année, sous quelques sifflets.

«Je n'aurais pas tiré avantage de cette situation», a réagi, à chaud, Andy Schleck à propos de l'attitude de ses rivaux.

«Je ne fais pas partie du jury mais, c'est sûr, ces mecs-là ne gagneraient pas le prix du fair-play aujourd'hui», a ajouté l'ex-maillot jaune sans citer de noms. «Je suis fâché et je prendrai ma revanche dans les jours qui viennent.»

Pour le gain de l'étape, Voeckler a précédé d'1 min 20 sec l'Italien Alessandro Ballan et l'Espagnol Aitor Pérez, deux autres rescapés d'une échappée lancée vers la mi-parcours.

Après un départ ultra-rapide dans cette étape de 187,5 kilomètres (94,8 km parcourus en deux heures), un groupe de dix coureurs (Voeckler, Turgot, Mondory, Vandborg, Reda, Van Summeren, Roberts, Ivanov, Ballan, A. Perez) a pris les devants pour aborder en tête le Portet d'Aspet, le premier col du jour.

Un dérailleur en cause

Ce groupe s'est assuré jusqu'à près de 11 minutes d'avance avant la principale ascension, le Port de Balès. Dans ce col classé hors catégorie, Voeckler a distancé ses compagnons à 8 kilomètres du sommet.

L'ex-maillot jaune du Tour (dix jours en 2004) a basculé au sommet, distant de 21,5 kilomètres de l'arrivée, avec 1 min 30 sec d'avance sur Pérez et Ballan.

Schleck a été retardé par son problème de dérailleur alors qu'il venait de démarrer, à moins de 4 kilomètres du sommet. Contador, qui venait de partir en chasse, l'a dépassé et a poursuivi son effort.

«Quand j'ai appris qu'il y avait l'incident mécanique, j'étais devant, la course était lancée», a expliqué le favori du Tour, qui a temporisé ensuite quelques instants et a relayé parcimonieusement ses compagnons, le Russe Denis Menchov et l'Espagnol Samuel Sanchez, dans la descente.

Schleck, à l'arrière, a engagé une course-poursuite pour limiter l'écart sur le double vainqueur du Tour (2007 et 2009). Mais son retard (39 sec) a dépassé la maigre avance (31 sec) qu'il comptait au départ de Pamiers.

«Je ne vais pas pleurer parce que j'ai perdu le maillot», a déclaré l'ex-leader. «Le Tour n'est pas encore fini, j'ai des fourmis dans les jambes. Une scène pareille, ça me motive pour jeudi et l'arrivée au Tourmalet.»

La réaction de Voeckler

Loin de cet affrontement, Voeckler, tout sourire, s'est félicité de son succès, le cinquième d'un coureur français depuis le départ de Rotterdam (Pays-Bas).

«J'ai connu des moments extrêmement difficiles. J'aurais même abandonné dans l'étape du 14 juillet s'il y avait eu vent de côté plutôt que vent de face. Mais, depuis deux-trois jours, je vais beaucoup mieux», a déclaré le champion de France, fidèle depuis le début de sa carrière à l'équipe de Jean-René Bernaudeau (Bbox).

Il a enlevé, à l'âge de 31 ans, son deuxième succès dans le Tour, après celui de Perpignan, dans la plaine, l'an dernier.

Mardi, la 16e étape passe par Peyresourde, Aspin (1re catégorie tous les deux), Tourmalet et Aubisque (hors cat.), les quatre cols historiques des Pyrénées franchis pour la première fois voici cent ans, sur le parcours entre Luchon et Pau (199,5 km).

Départ de Luchon à 11h30 (lancé à 11h40), arrivée à Pau vers 17h32 (prévision à 34 km/h de moyenne).